Debout pour l’accueillir!
Nous retrouvons un évangile de fin du monde. On est surpris d’entendre, mis dans la bouche de Jésus, un discours aussi dramatique. Comme si l’évangéliste voulait jouer à nous faire peur.
Pourtant les preuves ne manquent pas qui attestent que notre monde est fragile et malade. Qu’il est brisé. À grande ou à petite échelle, nous vivons beaucoup de malheurs. Pas besoin de signes dans le soleil, la lune et les étoiles, du moins pas encore, nous en avons assez avec les guerres, les tortures et les persécutions, les injustices humaines, les catastrophes naturelles, la maladie, le deuil, et tout ce qui nous menace au dehors et en dedans de nous. Nous avons de quoi, sinon mourir de peur, du moins nous décourager. De quoi vouloir fuir et nous évader, chercher à tirer notre épingle du jeu.
En évoquant la fragilité de notre monde et son écroulement général, Jésus n’entend pas nous faire peur, ni non plus nous servir un discours rassurant sans plus. Jésus sonne plutôt un réveil. Il nous appelle au courage et à la confiance. Il met en balance – de façon saisissante – toutes nos misères avec la venue, en grande puissance et gloire, du Fils de l’homme promis. Jésus nous parle d’un mystère de mort et de résurrection dans lequel il est lui-même personnellement engagé.
N’oublions pas qu’en S. Luc (à la fin du ch. 21) nous sommes à proximité des événements de la passion de Jésus, de sa mort sur la croix, de sa mise au tombeau et du jour de la résurrection. Jésus évoque le moment décisif qui l’attend. D’un côté la mort, inévitable, incontournable, implacable qui nous saisira tous, dont Jésus lui aussi sera la victime. De l’autre côté la venue en gloire et puissance de l’élu de Dieu, de son Christ, du Fils de l’Homme. En échec à la mort, la promesse de vie : le Christ viendra dans l’événement pascal pour un temps de grâce et de rédemption pour tous.
Ce que le Seigneur attend de nous, c’est que nous soyons attentifs pour voir les signes d’un monde nouveau qui déjà s’annonce. Il nous demande de nous engager dans le mystère, en faisant pleine confiance au Père. Ainsi nous ne serons pas passifs devant le Salut que Dieu opère. Nous serons au meilleur de nous-mêmes, redressés, ne courbant pas la tête. Parce qu’il est déjà là avec nous. Il prend parti pour nous.
« Restez éveillés », ajoute le Seigneur. Pour ne pas être pris par surprise. « Priez en tout temps. » Non pas qu’il vous faille passer des heures et des heures à genoux. Ayez seulement vos pensées avec Dieu, tendues vers lui. Donnez-lui toute votre attention! Ayez l’âme et l’esprit occupés de lui, épris d’une relation vive et active avec lui et des uns avec les autres comme le suggère S. Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. »
Si nous sommes ainsi debout, mobilisés au meilleur de nous-mêmes, en état de service, nous serons témoins et artisans du monde nouveau que suggère l’annonce de la venue puissante et glorieuse du Seigneur. Par la prière et nos engagements, nous proclamerons la fidélité de Dieu, ses promesses, l’œuvre en nous de son Esprit. L’Eucharistie que nous célébrons nous tient au carrefour de la rencontre, de la venue expresse du Seigneur dans notre monde. Puisse-t-elle nous donner d’être « établis dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père ».
Merci pour cette réflexion. Il est vrai que si nous nous en tenons à ce qui se passe dans notre monde actuellement, nous pourrions nous sentir abattus mais l’espérance est plus forte, la promesse de vie plus forte aussi.