Ne gâchons pas le rêve de Dieu!
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 2-12
En ce temps-là,
des pharisiens abordèrent Jésus
et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :
« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit :
« Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent :
« Moïse a permis de renvoyer sa femme
à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua :
« C’est en raison de la dureté de vos cœurs
qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création,
Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela,
l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme,
et tous deux deviendront une seule chair.
Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison,
les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara :
« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre
devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre,
elle devient adultère. »
Dommage que le plus beau sujet du monde soit introduit par des opposants, toujours prêts à mettre Jésus à l’épreuve. Ils abordent en fait la condition conjugale par son côté difficile, parfois dysfonctionnel et souvent mis en échec. Que faut-il faire quand le mariage ne marche pas? Quand l’homme n’est pas heureux avec son épouse? Quand la femme est malheureuse avec son homme? Qu’est-ce qu’on peut faire? Qu’est-ce qu’il n’est pas permis de faire?
Comme il arrive souvent en pareil cas, Jésus ne se laisse pas enfermer dans le problème, dans le seul aspect légal. Il en profite pour élargir le sujet, pour aller au fond des choses et rappeler l’essentiel, les valeurs premières qui sont en cause. Il porte plus haut et plus loin notre attention et notre réflexion. Ce n’est pas qu’il veuille fuir la difficulté ou qu’il ne soit pas attentif à la réalité vécue par les couples en détresses. Ce qui intéresse d’abord Jésus, et ce qui devrait nous importer le plus à nous aussi, c’est le rêve de Dieu, l’intention première du Créateur, qui est essentiellement un projet de bonheur pour le couple humain et pour nous tous!
Jésus réfère donc ses interlocuteurs aux récits de la création que nous trouvons au livre de la Genèse. Il y trouve une histoire et de belles images qui évoquent des gestes significatifs, où Dieu prend à cœur le sort de l’homme qu’il veut voir heureux dans un jardin magnifique. L’homme n’est pas fait pour vivre seul. Il lui faut une aide qui lui soit assortie. Les animaux ne peuvent assumer ce rôle. Pour que l’homme ne soit pas seul, Dieu décide de marquer un grand coup. Il plonge l’homme dans un sommeil mystérieux. Avec une côte prélevée du corps de l’homme, il façonne une femme, Au réveil l’homme se trouve en présence de celle que Dieu lui offre comme sa partenaire : Voilà l’os de mes os et la chair de ma chair! C’est là un cri de joie et la reconnaissance d’une parfaite correspondance entre la femme et l’homme, La femme est posée auprès de lui comme une égale, pour lui être d’une merveilleuse présence. Rien ne suggère entre eux un rapport qui soit conflictuel à l’origine. Ils seront compagnon, compagne l’un pour l’autre. Le projet de Dieu, c’est le bonheur de l’homme et de la femme ensemble, eux qu’il a créés à son image pour les établir dans une communion d’amour. Le Seigneur nous a voulu en relation, en bonne entente. Dans ce projet, la sexualité est une réalité bonne, un chemin de communion, d’amour et de fécondité.
Ce qui nous est proposé depuis toujours, c’est d’accueillir la merveille de l’être humain tel que nous sommes, homme ou femme, créés à l’image de Dieu pour l’amitié et la perfection d’un heureux dialogue. Il nous faut aussi comprendre que cette réalité fondamentale porte avec elle une grâce, une bénédiction spéciale, originelle, et la promesse d’une fécondité et d’un bel accomplissement personnel de chacun.
Jésus n’a pas choisi de rédiger les articles du Droit Canon ni d’édicter une réglementation sur le mariage et sur le divorce. Il a choisi de nous rappeler l’idéal, le rêve divin, la source de cette institution fondamentale de nos sociétés humaines. Il ne dénie pas les situations parfois difficiles, douloureuses de certaines unions. C’est à nous d’y voir, en Église et en communauté civile, en nous rappelant toujours le sérieux et la beauté du plan de Dieu, la primauté de l’amour; en nous rappelant aussi la sollicitude première de Dieu et sa miséricorde infinie, qui devraient aussi nous inspirer et nous motiver face aux problèmes rencontrés. Il importe surtout de nous rappeler que Dieu veut le bonheur de tous ses enfants.