Voici le Pain pour marcher jusqu’à Dieu!
Chez nous, nous étions une famille nombreuse! Dans les années 30 et 40. Sur une ferme bien modeste dans la région de Portneuf. On n’y trouvait pas les plus belles terres du pays. Mes parents ont dû faire des sacrifices pour mener à bon port la barque familiale. Surtout que les enfants, chacun son tour, poursuivait les études. Ce qui engageait des frais.
Je me souviens que ma grand-mère maternelle, habile dans la couture et la cuisine, nous était d’un précieux secours quand elle venait chez nous pour habiller tout le monde. Elle faisait de vrais miracles, en plus des boites de bas à repriser et de vêtements à raccommoder qu’elle emportait chez elle, pour nous retourner bientôt le tout parfaitement arrangé, avec des surprises comme ces biscuits qu’elle cuisinait si bien. Cette femme nous fut d’un grand secours! Grâce à elle, mes parents pouvaient joindre mieux les deux bouts. C’était une femme d’encouragement, de réconfort. Sa contribution était surtout physique et matérielle, mais elle nous relevait grandement le moral.
C’est ce dont la liturgie nous parle aujourd’hui. D’un secours qui vient d’ailleurs. Le 1er livre des Rois, en 1ère lecture, nous a rappelé la crise religieuse qu’Israël a vécue au temps du roi Achab et de la reine Jézabel. Infidèle au Dieu de l’Alliance, la famille royale avait ouvert la porte aux divinités étrangères. Le prophète Élie contestait fort cette déviance et, après qu’il eut confronté la reine de façon décisive, il a dû s’enfuir au désert. Là, il a pris la mesure de sa pauvreté, de sa détresse. Il était dégouté de la vie, dégouté de lui-même. Le Dieu tout-puissant qu’il prêchait était-il aussi dur et vengeur qu’il le disait? Avait-il raison? Il doutait de lui-même et il voulait mourir.
C’est alors que Dieu intervint. Un ange lui apporta une galette et de l’eau. Oui, Dieu accompagne son prophète. Il a compassion de lui. Il le réveille et le sauve de la mort. « Lève-toi et mange! Car il est long le chemin qui te reste. » Fort de cette nourriture, le prophète poursuivra sa route jusqu’à l’Horeb, le Sinaï. Dieu s’y manifestera à lui dans la douceur d’une brise légère. Il est Dieu de compassion, de tendresse et d’amour. S’il intervient en faveur d’Élie, c’est pour le réconforter physiquement, mais aussi et surtout spirituellement.
C’est ce Dieu et Père que nous retrouvons dans le témoignage passionné de son fils bien-aimé Jésus. Notre Seigneur reprend aujourd’hui l’image tellement suggestive du pain pour nous dire qui il est pour nous. Il est l’envoyé du Père, le don de Dieu pour la vie du monde. Il est plus que la manne d’autrefois au désert, plus que la nourriture donnée au prophète Élie. Il est lui-même le Pain venu du Ciel! L’évangéliste note que les gens récriminaient. Ils n’étaient pas d’accord. Si Jésus affirmait qu’il venait du Ciel, c’était donc qu’il était fils de Dieu. Et on voyait mal comment l’enfant de Joseph et de Marie de Nazareth pouvait revendiquer une telle origine.
Jésus pourtant persiste et signe. Il nous invite à contempler son mystère en profondeur. Oui, il est homme et oui, il est Dieu! C’est bien ce qu’il nous demande de croire sur parole. Car il est lui-même Parole du Père. C’est le Père qui témoigne de son Fils et nous attire à lui. Et c’est Jésus seul qui peut témoigner du Père en vérité. Oui, désormais dans le Christ l’humanité est élevée en dignité. Il nous est donné d’avoir part à la vie éternelle qui est en lui. Pourvu que nous mettions en lui notre foi, il nous donne cette vie nouvelle. En lui Dieu est venu jusqu’à nous; il se donne lui-même en nourriture sainte et spirituelle aux croyants pour qu’advienne en eux sa présence de réconfort et d’amour.