L’Assomption de Notre-Dame
Le maître verrier Théodore Gérard Hanssen, assisté par la Maison Chigot de Limoges en France, a produit de bien belles choses en l’église St-Dominique de Québec. Il faut avoir vu la verrière splendide, exceptionnelle, dans le Jubé, derrière les tuyaux de l’orgue, qui la cachent partiellement. L’assemblée bien sûr lui tourne le dos. Mais la Vierge de là-haut protège tout ce monde en prière. Elle est une inspiration pour le prêtre qui préside et qui prêche. Et quand les gens partent à la fin de la messe, chacun peut porter ses regards vers ce triptyque magnifique d’images de la Vierge. La Vierge Marie, présentée d’abord en son Assomption au ciel, à gauche. Puis la Vierge couronnée par le Père, le Fils et l’Esprit, au centre. Enfin Marie, reine du monde, à droite. Les trois figures sont imprégnées de bleu et comme plongées dans le feu. Notre Dame y apparaît radieuse, amoureuse, humble et souveraine.
Cet ensemble fait un étrange contraste avec la verrière plus ancienne qui se trouve à l’avant, au fond du chœur des religieux, le surplombant, bien visible de la nef. Cet autre ensemble nous livre le Christ crucifié pour le monde, le Christ en croix contemplé par un Saint Dominique à genoux, suppliant, compatissant.
Je vous propose de nous laisser instruire par ce rapport visuel, ce jeu de position des deux immenses tableaux, qui sont en face à face dans cette église. Les deux séquences nous insèrent dans un grand axe d’espérance, un courant de foi et d’amour. Un courant de vie, où s’élabore et se construit l’essentiel de notre destinée. Avec le Christ en croix, nous sommes interpellés en nos chemins de douleurs et de peines, pour les assumer, les offrir avec lui, avec amour, sachant qu’ils sont chemins promis à la résurrection et déjà marqués de pentecôte.
Il faut noter en passant la ligne transversale, au niveau du transept, tracée par l’axe reliant deux autres grandes verrières, celle de l’Ascension du Christ toute en lumière, à notre droite, et celle de la Pentecôte, à notre gauche. Nous sommes par là situés, en communauté ecclésiale, au point de jonction de deux axes, à la croisée du monde de la grâce, au cœur de notre mission de témoins des grands mystères du Christ, le Sauveur du monde.
Revenons à Marie qui nous offre à contempler, en cette fête de son Assomption, l’aboutissement de la route, avec la promesse qu’elle nous fait de nous accompagner en nos propres chemins. Marie qui a le privilège d’être la mère du sauveur. Marie qui reçoit de lui les prémices de la grâce du salut et déjà la gloire promise aux disciples, à tous les hommes et femmes que Dieu aime.
Quand nous retournons chez nous, après un temps passé à l’église, nous pouvons nous dire, en regardant là-haut, que le don du Christ en croix n’a pas été inutile ni vain ni perdu. En Marie, il a produit son fruit. Il l’a sauvée de la mort, il l’a glorifiée. Elle nous est proposée en modèle. Elle en devient pour nous tous un précieux appui pour notre espérance!
Marie ne s’esquive pas, elle est élevée, non pas enlevée en cette assomption. Elle trouve auprès de Dieu de pouvoir prendre avec puissance fait et cause pour ses enfants que nous sommes devenus dans la grâce et le testament du Fils. Son statut de Mère et de Reine lui a valu cela : d’avoir pu accueillir la grâce du fils non seulement pour elle, mais pour nous la donner, pour nous donner d’en vivre comme elle, déjà, dans l’espérance du Royaume.