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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 15e Dimanche B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 6, 7-13

En ce temps-là,
Jésus appela les Douze ;
alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.
Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route,
mais seulement un bâton ;
pas de pain, pas de sac,
pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore :
« Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison,
restez-y jusqu’à votre départ.
Si, dans une localité,
on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent,
et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
Ils expulsaient beaucoup de démons,
faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades,
et les guérissaient.


COMMENTAIRE

Partir avec rien!

« Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir ». Cette conclusion nous étonne peut-être après ce qui venait d’être dit. Les consignes du Seigneur parlaient d’aller deux par deux, avec rien comme bagage, en toute liberté face à l’accueil ou le non-accueil qu’on leur ferait dans les villages et autres localités où ils iraient. Quel rapport y a-t-il entre ce mouvement bien physique et social auquel Jésus appelle ses apôtres et l’aboutissement concret de leur prêche et de leur témoignage : la conversion des cœurs?

C’est bien là ce qui peut nous intéresser, nous faire réfléchir et nous inspirer dans nos vies de croyants et de croyantes aujourd’hui. Peut-être pour une révolution dans nos manières d’être et de rayonner la foi et l’Évangile à notre époque. Tout comme au moyen-âge en Occident, saint François d’Assise, saint Dominique et bien d’autres avec eux ont entendu ce même appel et ont su y répondre de leur mieux pour des effets surprenants de fécondité spirituelle et de renouveau ecclésial.

Il s’agit d’accueillir l’Évangile et son dynamisme, de nous y ajuster intérieurement et de nous mettre en route, de partir vers les autres, emportés dans l’élan de cette Bonne nouvelle.

Partir avec peu de choses dans nos bagages. Sans rien qui nous alourdisse, qui fasse peur, qui nous inquiète, qui nous garde liés à nos avantages, à nos privilèges. Vivre notre témoignage comme une offrande de nous-même, dans la gratuité du don, dans une humble présence aux autres sans filtre, sans préjugés, sans idées toutes faites. Risquer l’aventure de la foi, de l’amour fraternel, de la justice, du respect pour tous, de la paix.

Il ne s’agit pas d’être à charge aux autres, de les exploiter, mais de leur apporter le meilleur de nous-même, notre espérance, notre amitié, la Joie et la sérénité qui nous habitent. Il s’agit de témoigner, en notre pauvreté même, de la puissance et de la richesse de Dieu, de son Salut, de son Évangile, qui sont à l’œuvre déjà dans notre vie et dans le monde.

Nous comprenons qu’il y a là un désistement profond de soi, un abandon à la Parole de Dieu qui mène à la conversion, qui alimente un changement intérieur, qui suscite en nous et chez les autres un questionnement qui touche à la source de nos libertés personnelles, qui ouvre les cœurs à l’Esprit de Dieu.

Tout cela ça voudra dire quoi pour nous, qui sommes déjà installés, bien organisés, habitués, empêtrés peut-être dans nos richesses, qui avons nos responsabilités, nos liens, nos amours, nos petits ghettos, nos peines, nos deuils, nos peurs, nos souffrances?

Cela voudra dire d’abord accueillir en nous le don de Dieu. Savourer sa présence à l’intime de nos vies; ouvrir nos yeux à ses merveilles chez les autres comme en nous-mêmes, dans la nature et dans tous les êtres. Cela voudra dire entrer dans la joie spirituelle d’une communion avec Dieu, même au cœur de nos épreuves et de nos tourments. Cela voudra dire accepter d’être ce que nous sommes dans la fidélité à l’Esprit qui souffle où il veut. Ce sera nous confier au Dieu de tendresse et de miséricorde dans la prière. Croire que son Règne est vraiment tout proche. Vivre chaque instant dans la présence d’un Dieu qui nous aime comme un Père, lui rendant grâce pour nos frères et sœurs, et pour le Christ et sa Pâques qui est là agissant au milieu de nous.

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