Croyons-nous en l’Incarnation du Fils de Dieu?
La Parole de Dieu aujourd’hui paraît sévère. On dirait qu’un vent de pessimisme souffle sur ce que nous avons entendu. Le tableau est même sombre et menaçant. C’était, en premier, le prophète Ézéchiel que Dieu envoyait auprès d’un peuple à la nuque raide, au cœur endurci. La mission s’annonce difficile, voire impossible, tellement les gens sont rebelles, durs et obstinés. C’en est décourageant! Puis l’apôtre Paul, en 2e lecture, nous confie que bien qu’il jouisse de révélations extraordinaires, il est éprouvé dans sa chair de façon telle qu’il en est humilié et obligé de reconnaître sa faiblesse. L’Évangile nous rapporte la visite sans doute agréable et attendue de Jésus chez les siens, à Nazareth. Mais, invité à s’exprimer à la synagogue, Jésus se voit vite confronté à l’incompréhen-sion et à l’incrédulité de plusieurs. L’accueil admiratif et bienveillant cède le pas au rejet, à un manque total de foi de la part des auditeurs.
Il est dit que Jésus se rend dans son pays d’origine et que ses disciples le suivirent. Cela veut dire que nous sommes là nous aussi avec lui, avec eux, pour voir, pour apprendre quelque chose de lui, de son mystère et nous instruire sur notre propre condition de disciples. Car ce qui arrive à Jésus nous concerne. Pour nous aussi la porte va s’ouvrir ou se fermer. Être avec Jésus, à Nazareth, c’était une chance pour nous, mais cela annonce aussi nos difficultés, car celles de Jésus seront aussi les nôtres.
Revenons à chacune de ces situations peu rassurantes qui nous sont rapportées aujourd’hui. Le défi qui attendait Ézéchiel était immense. L’épreuve qui affectait S. Paul ne lui laissait aucun répit. Le rejet de Jésus par les siens était une fin de non-recevoir. Mais nous apprenons aussi qu’il y a une issue en chacune des situations évoquées.
Ézéchiel est rempli d’un Esprit qui le fait tenir debout. Le prophète est envoyé. Il a un message à proclamer. Qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, il parlera et tous sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. Et ça, c’est plein d’espoir!
Paul est conscient que son épreuve n’est pas fatale. Ma grâce te suffit, lui dit le Seigneur. Je suis avec toi.
L’Évangile nous intéresse plus directement pour les raisons déjà dites. À Nazareth tout n’est pas fini. La porte n’est pas fermée à jamais, encore que la question posée, est celle que porte encore notre monde, et elle est décisive : Qui est-il ce Jésus de Nazareth? D’où lui vient cette sagesse? D’où lui viennent ces grands miracles? Se peut-il que Dieu soit dans la personne de ce charpentier, que tous reconnaissent comme un des leurs?
Le pape François commentait ainsi lors de l’Angélus de ce dimanche, Place St-Pierre à Rome : « Pour les habitants de Nazareth, Dieu est trop grand pour s’abaisser à parler à travers un homme si simple! C’est le scandale de l’incarnation : l’événement déconcertant d’un Dieu fait chair, qui pense avec un esprit d’homme, travaille et agit avec des mains d’homme, aime avec un cœur d’homme, un Dieu qui se fatigue, mange et dort comme l’un de nous. » Il est toujours là ce mystère de l’incarnation qui sollicite notre foi comme celle des gens de Nazareth. Comme baptisés et confirmés, nous y sommes initiés, mais nous avons toujours à y revenir pour y croire vraiment. Notre défi est d’en rendre témoignage au milieu d’un monde réticent à croire.
Saurons-nous tenir, dans la force de l’Esprit, à ce vif de notre foi dans le Christ, qui est de témoigner par notre vie des conséquences de cette Bonne Nouvelle, jusqu’à suivre Jésus jusqu’au bout? Rappelons-nous que notre Dieu et Père s’est engagé avec nous dans ce que nous aurons à vivre au Nom de son Fils, comme il le fit pour Jésus, son Bien-aimé, jusqu’au bout, jusqu’à la croix, jusqu’au matin de Pâques.