La fréquentation dominicale est en chute libre en ces temps de pandémie où les restrictions sanitaires touchent les grands rassemblements de tous ordres (sportifs, culturels ou religieux). Mais la crise actuelle a bon dos car le plus grand répulsif de nos lieux de culte n’est pas d’abord le fait d’un virus contagieux. La pratique recule depuis de nombreuses années et la crise de l’Église se décline selon différentes modalités : crise des vocations, remise en cause du cléricalisme, message inaudible du magistère dans les grandes questions de sociétés, crise de l’autorité, dé crédibilisation de l’institution devant l’ampleur des scandales à caractère sexuel, etc. À croire que l’Église est dans un continuel chemin de croix et nous ne comptons pas les stations qui n’en finissent plus. Un vrai calvaire !
Mais nos bâtiments cultuels sont-ils vides et de quel vide parle-t-on ?
Certes, la baisse de fréquentation sonne comme un avant-goût de Petit reste d’Israël qui marque le peu d’appétence des croyants pour une liturgie sous perfusion. On rappellera le mot de Sacha Guitry, dramaturge de peu de succès qui invita ainsi l’un de ses amis à la première de sa dernière pièce : « Venez armé, l’endroit est désert ! ».
Dieu est-il vraiment là en nos assemblées ? Là est la vraie question du vide et du plein de nos célébrations. Bien entendu, Dieu ne marchande pas sa présence, il a même envoyé son fils pour assurer la permanence.
« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, dit Jésus, je suis là, au milieu d’eux » Mathieu 18,20
Mais nous ? Sommes-nous réellement présents ? À côté de l’Eucharistie, Dieu peut-il croire à la présence réelle de l’humanité ou n’est-ce qu’une vue de l’esprit ?
Le vide que nous ressentons parfois dans l’aridité de la prière, même assidue, parfois étape spirituelle qu’ont décrit maintes fois les Pères du Désert, est peut-être d’abord le vide de nos cœurs. Une scène est touchante dans la série des Don Camillo d’après l’œuvre de Giovannino Guareschi. Elle montre le curé à la foi ardente mais au coup de pied hardi, incarné par Fernandel désemparé devant le silence persistant du crucifix. Il finit par réentendre le Christ au terme d’épreuves qui ont débouché les oreilles de son égoïsme.
Nous ne pourrons remplir de nouveau nos églises que lorsque nous les comblerons de notre vide, de nos pauvretés, de notre accueil à l’autre et que nous laisserons de côté la somme de toutes nos peurs et de tous nos ritualismes. Si Dieu veut des suppliants au cœur brisé, ce n’est pas par sadisme et ni dolorisme. Il attend des croyants épurés de nos certitudes et de nos jugements.
Dans nos familles, nous le savons bien. Un parent ne peut ouvrir les bras pour accueillir son enfant sur son sein que s’il a au préalable désencombrer son être de son immaturité. Ce n’est pas pour rien que peu de parents se sentent d’emblée prêts à prendre soin d’une nouvelle vie. C’est pourquoi dans nos églises domestiques nous avons à agrandir notre cœur dans sa capacité d’accueil pour que le Dieu-Amour y réside. Au sein de nos familles, le lien que nous entretenons avec les nôtres se doit d’être habité de l’amour du Christ. Nous avons à apprendre à nous dépouiller pour que le vide accueille le Plein.