La mort de Jésus en croix : cinquième mystère douloureux
Il était là sur une croix, défiguré, ses chairs en lambeaux, il n’avait plus l’apparence d’un homme, aucune dignité, abandonné de tous, ridiculisé, on le comptait pour moins que rien. Mais en cet homme, un cœur battait, un cœur qui n’avait jamais cessé d’aimer, de se donner pour le salut de ceux qui le torturaient, de ceux qui se moquaient de lui alors qu’il se mourrait d’amour sur une croix. «Tu en a sauvé d’autres, sauve-toi toi-même et nous croiront en toi » (Lc, 23, 35) Ces gens ne savaient pas qu’à ce moment précis, il les sauvait, leur pardonnait leurs péchés, que sa passion et sa mort leur ouvrait la porte du son Royaume.
Dans sa déchéance la plus totale, l’Homme en croix les aima. «Mon Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.» (Lc, 23, 34) Ils étaient comme des enfants, perdus dans leurs péchés, inconscients du mal qu’ils faisaient, ils s’amusaient mais l’amour a vaincu leurs ténèbres et les nôtres. Cet amour qui ne nous fera jamais défaut.
Près de Jésus, deux malfaiteurs étaient suspendus sur une croix, l’un d’eux insultait le crucifié : «N’es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même et nous aussi!» (Lc, 23, 39) Le larron qui injuriait Jésus fait-il un acte de foi! N’es-tu pas le Christ? Celui-ci supposait-il que Jésus, tout près de lui pouvait être le Christ, c’est-à-dire le Messie! Il savait que Jésus avait fait des miracles, il avait guéri et sauvé des personnes, il connaissait sa réputation. Mais au lieu de regarder Jésus comme celui qui peut lui apporter le salut, la paix de l’âme, il n’a de regard que pour lui-même et n’a su reconnaître l’amour que Jésus, à l’instant même, lui offrait. «Sauve-toi toi-même et nous aussi » Mais Jésus n’était pas prisonnier de la croix, il l’avait librement embrassé par amour pour nous, il voulait qu’elle soit un tremplin pour nous ouvrir à l’amour de son Père. Jésus voulait le sauver lui, le larron, le libérer de ses chaînes intérieures qui grugeaient son cœur et son âme. Jésus avait davantage à lui offrir qu’un bien-être temporaire, il voulait lui donner son amour et son bonheur pour l’éternité. Si cet homme, dont la croix était si près de celle de son Sauveur s’était attardé à regarder Jésus, à souffrir avec lui pour un laps de temps, il aurait compris que ses souffrances, Jésus les portait en lui et avec lui dans sa croix parce Jésus l’aimait.
L’autre larron suspendu sur une croix près de Jésus lui fit de vifs reproches. : «Tu ne crains donc pas Dieu! Tu es pourtant un condamné, toi aussi! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.» (Luc, 23, 40, 41) Et se tournant vers Jésus : «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.» Jésus lui déclara : «Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.» (Lc,23, 43) De la bouche de Jésus, peut t-il y avoir plus belle promesse que celle que Jésus fit au larron! Il ne lui parle pas de ses péchés, il ne lui fait aucun reproche; Jésus ne voit en lui qu’un cœur souffrant qui s’ouvre à l’amour, un cœur qui risque l’espérance. «Souviens-toi de moi quant tu seras dans ton Paradis.» Son espérance va au-delà de toutes attentes, il a mis sa confiance en Jésus, il a osé lui ouvrir son cœur et croire en lui, il a accepté de se laisser regarder par l’Amour. Le larron ne s’attarde pas à ses souffrances ni au mal qu’il a fait, son regard est tourné uniquement vers Jésus, il se laisse regarder par l’Amour. «Quant tu seras dans ton Paradis.» Il reconnaît en Jésus le Christ Sauveur, le Messie promis. Jésus est Roi, non à l’image des hommes mais un Roi qui donne sa vie par amour pour lui le larron. Un Roi dont la royauté s’ouvre aux petits, aux faibles, à ceux qui souffrent, à ceux qui se confient en lui. Dans le Christ défiguré, le bon larron a vu la beauté du don de Dieu, il a osé croire à la vie éternelle, que l’Amour est plus puissant que la mort et le péché et il n’a pas été déçu.