Clément de Rome (en latin Clemens Romanus) est le 4e pape de l’Église catholique, de l’an 92 à l’an 99, et, chronologiquement, le premier Père apostolique, auteur d’une importante lettre apostolique adressée, à la fin du ier siècle par l’Église de Rome à celle de Corinthe. Il est essentiellement connu par cette lettre et par les divers témoignages le concernant.
Lettre de saint Clément de Rome aux Corinthiens
Fixons nos regards sur le sang du Christ, et comprenons combien il a de valeur pour son Père, puisque, répandu pour notre salut, il a procuré au monde entier la grâce de la conversion.
Parcourons toutes les générations et nous apprendrons que, de génération en génération, le Maître a offert la possibilité de se convertir à tous ceux qui voulaient se retourner vers lui. Noé prêcha la conversion, et ceux qui l’écoutèrent furent sauvés. Jonas annonça aux Ninivites la destruction qui les menaçait. Ils se repentirent de leurs péchés, ils apaisèrent Dieu par leurs supplications et ils obtinrent le salut, bien qu’étrangers à Dieu.
Les ministres de la grâce de Dieu, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, ont parlé de la conversion. Le Maître de l’univers lui-même en a parlé avec serment : Aussi vrai que je suis vivant, parole du Seigneur, je ne veux pas la mort du pécheur mais sa conversion. Et il ajoute cette sentence pleine de bonté : Convertissez-vous, maison d’Israël, de votre iniquité. Dis aux fils de mon peuple : Vos péchés monteraient-ils de la terre jusqu’au ciel, seraient-ils plus rouges que l’écarlate et plus noirs qu’un vêtement de deuil, si vous vous retournez vers moi de tout votre cœur et me dites : ‘Père !’, je vous écouterai comme un peuple saint.
Voilà ce qu’il a fixé par sa volonté toute-puissante, parce qu’il veut faire participer tous ceux qu’il aime à la conversion.
C’est pourquoi nous devons obéir à sa magnifique et glorieuse volonté. Implorons humblement sa miséricorde et sa bonté, prosternons-nous, tournons-nous vers sa compassion en abandonnant les préoccupations frivoles, la discorde et la jalousie qui conduisent à la mort.
Ayons d’humbles sentiments, mes frères, rejetons tous les sentiments de jactance, d’orgueil, de folie et de colère, et agissons selon l’Écriture. En effet l’Esprit Saint a dit : Que le sage ne s’enorgueillisse pas de sa sagesse, ni le riche de sa richesse, mais que celui qui veut s’enorgueillir s’enorgueillisse, dans le Seigneur, de le chercher, et de pratiquer le droit et la justice. Souvenons-nous surtout des paroles du Seigneur Jésus, lorsqu’il nous enseignait la bienveillance et la patience. Car il parlait ainsi : Soyez miséricordieux, pour qu’on vous fasse miséricorde ; pardonnez, afin qu’on vous pardonne ; comme vous agissez, ainsi on agira avec vous ; comme vous donnez, ainsi on vous donnera ; comme vous jugez, c’est ainsi que vous serez jugés ; comme vous exercerez la bonté, ainsi sera-t-elle exercée envers vous ; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous.
Attachons-nous fermement à ce précepte et à ces commandements, afin de nous conduire en obéissant à ces paroles sacrées, avec d’humbles sentiments. Car voici ce que dit la parole sainte : Vers qui tournerai-je mon regard, sinon vers l’homme doux, pacifique, qui tremble à mes paroles ?
Puisque nous avons part à des actions si nombreuses, grandes et éclatantes, qui nous ont été données en exemple, tournons de nouveau notre course vers le but qui nous a été proposé dès le commencement, vers la paix. Regardons attentivement le Père et créateur du monde entier, attachons-nous à ses bienfaits magnifiques et insurpassables, qu’il nous donne dans la paix.