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Responsable de la chronique : Yves Bériault, o.p.
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Conseils pour « faire une bonne retraite ! »

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Pierre CLAVERIE, dominicain et évêque d’Oran martyr, a prêché une retraite de sept jours et, dans la première instruction, il a donné quelques conseils pratiques « pour faire une bonne retraite »… Voici ses mots d’ouverture !

 

Ouvrir nos cœurs au souffle de Dieu. Le moment d’une retraite c’est un peu cela, je l’ai dit souvent en commençant une retraite : ce n’est pas nécessairement le moment de revenir sur notre vie passée en essayant d’examiner ce qui va, ce qui ne va pas, ce qui allait et ce qui n’allait pas, pour changer de vie à la force du poignet, pour essayer de nous convertir en faisant des efforts supplémentaires, alors que nous en avons déjà fait beaucoup et avec peu de résultats.

Le moment d’une retraite, pour moi, est toujours le moment d’une décontraction, d’une décrispation. Autant que possible, essayer de se rendre à nouveau perméable à l’action de Dieu, comme quand Isaïe et l’ensemble des prophètes disent que nous sommes pareils à l’argile entre les mains du potier. Dieu nous pétrit sans cesse et il y a des moments où il nous est bon de reprendre conscience que nous sommes entre les mains de Dieu, que ce n’est pas nous d’abord qui façonnons notre vie. Bien sûr, nous contribuons plus ou moins – le meilleur de nous-même ce n’est pas ce que nous voulons, mais ce que Dieu veut à travers nous, ce que Dieu veut faire de nous. Par conséquent pour que Dieu puisse faire son œuvre, il est important de se rendre à nouveau disponible.

Alors, peu importe le passé que nous traînons toujours un peu avec nous. L’important est le moment présent, maintenant, pendant ces jours que nous allons passer ensemble, et puis l’avenir. Je suis convaincu que tout peut toujours recommencer, que rien n’est figé dans nos vies, et que Dieu est toujours là pour reprendre son œuvre. C’est pourquoi, ouvrir nos cœurs à l’Esprit, est peut-être nous donner la possibilité de renaître, ou donner la possibilité à cet être nouveau qui est en nous depuis le baptême, de grandir un peu plus.

Au fond, depuis notre baptême, l’homme ancien en nous combat l’homme nouveau, et peu à peu, l’homme ancien meurt et l’homme nouveau est appelé à grandir. Cet homme nouveau est celui qui naît de l’Esprit, celui que l’Esprit fait naître depuis le baptême. Chaque acte posé selon l’Esprit de Dieu, par l’amour de Dieu, permet à cet homme nouveau de grandir.

Même pendant une retraite, il ne s’agit pas d’acquérir beaucoup mais d’approfondir et de simplifier. Il ne s’agit pas d’accumuler des idées, mais d’entrer petitement dans une relation avec Dieu. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait : « Vous croyez avoir encore beaucoup à acquérir, vous vous trompez. Il vous reste beaucoup à perdre ». Je vous invite donc à entrer dans l’espace de Marie par une espèce d’abandon et surtout, j’y reviens, une décrispation. Essayer de retrouver la simplicité naturelle qui vient de la confiance filiale en Dieu.

Reprendre, rechercher avec Marie, l’attitude qui a été la sienne pour accueillir Dieu, et par conséquent ne plus craindre : « N’aie pas peur. » Après tout, si Dieu est présent ce n’est plus mon affaire, c’est Lui qui agira, et il agira bien mieux que tout ce j’aurais pu prévoir ou calculer… L’important est que Dieu prenne visage, Lui, que Dieu prenne la parole, Lui, que Dieu soit présent, Lui. Ce n’est pas mon visage ou mon masque, ma parole, ma présence. C’est Lui. Il est bien clair que Marie va nous introduire à cela, puisque c’est elle qui a donné visage à Dieu, qui a donné corps à la Parole de Dieu, c’est elle qui a mis au monde la Présence de Dieu.

Pour cela, je vous proposerai pendant la retraite, indépendamment de mon discours, de prier avec Marie, d’essayer d’entrer dans la relation simple de Marie avec Dieu, cette relation qui lui permit de donner visage à Dieu, elle. Cela peut se faire de plusieurs manières : chaque jour, pour toute la journée, reprendre une parole de Marie, par exemple à partir de ce soir, j’aimerais que vous fassiez entrer en vous cette toute première parole de Marie à l’Annonciation : « Je suis la servante du Seigneur. » Relire ce récit de l’Annonciation mais surtout laisser cette parole pénétrer en nous. Notre seule vocation est celle-là : « Je suis la servante du Seigneur. » Et prier est à la fois répéter et intérioriser. Nous ne sommes rien d’autre, nous ne valons que par cela. Tout ce que nous pouvons acquérir comme titre aux yeux des hommes n’est rien, ce qui fait notre valeur devant Dieu et devant les autres est que nous soyons serviteurs, servantes du Seigneur.

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