Qui cherchons-nous?
Le 4ième Évangile raconte ce matin comment les premiers disciples sont venus vers Jésus pour croire en lui et le suivre. Les détails du récit parlent aussi pour nous aujourd’hui.
Il est dit d’abord que Jean-Baptiste pose son regard sur Jésus pour ensuite proclamer : « Voici l’Agneau de Dieu! » Il le dit à deux de ses disciples. C’est comme s’il leur disait : C’est lui – Jésus – l’Élu de Dieu, son envoyé, le Messie promis. C’est parce qu’ils font confiance au témoignage de leur maître que les deux hommes quittent Jean pour aller vers ce nouveau venu. « Les deux disciples entendirent cette parole et suivirent Jésus ». Le mystère de ce Jésus de Nazareth les attire. Ils en sont fascinés. Jésus lui-même se retourne et les aperçoit. Et il en est agréablement surpris. Voilà donc que des gens viennent à lui! Une attirance mystérieuse les a mis en route vers lui comme une amitié naissante nous tire de notre solitude et nous porte vers la personne admirée, désirée.
« Que cherchez-vous? » leur demande Jésus. Qu’est-ce qui vous amène à moi? Est-ce la curiosité ou bien l’étonnement? Ils ne savent pas. Ils ont plutôt une question à lui poser : « Rabbi, où demeures-tu? » Jésus leur répond par une invitation qui leur ouvre grande la porte : « Venez et vous verrez ». Ils apprendront son secret, ils le verront; étant avec lui, ils croiront en lui. Nous aussi nous pouvons venir et voir où il demeure, et croire. Il nous y invite.
« C’était vers 4h du soir » Ce détail donne à penser que l’expérience fut marquante. Même s’il ne nous est rien dit d’autre de leur conversation, l’événement fut pour eux, à n’en pas douter, une expérience bien spéciale! Il était 4 h du soir! Ils ne l’oublieront jamais tellement l’affaire les a marqués.
Car c’est là où tout a basculé pour André et l’autre disciple. C’est toujours comme ça avec Jésus : quand nous entrons dans son intimité, quand nous demeurons avec lui un moment, il se produit une grâce, un effet spécial. Nous ressentons le besoin d’en parler à nos proches, à nos amis. « André trouve d’abord son frère Simon ». Comment pourrait-il ne pas s’empresser de lui dire « Nous avons trouvé le Messie »? Le nous impliquant une expérience commune, partagée, de la foi; une expérience d’Église, contagieuse, qu’on ne peut taire aujourd’hui encore.
Qu’en est-il pour nous, avec nous? Pouvons-nous dire notre foi aux autres? Savons-nous témoigner de Jésus auprès des nôtres pour que le Seigneur puisse poser sur eux aussi son regard comme il l’a posé sur nous? Un regard qui change quelque chose dans nos vies, qui nous vaut une expérience profonde, un appel, une mission, comme il en fut pour Pierre. « Tu es Simon, fils de Jean. Tu t’appelleras Kèpha ».
Et si la question nous était posée aujourd’hui : « Que cherchez-vous?» Bien sûr, nous cherchons un grand ami et l’endroit de sa demeure, pour être avec lui. Aussi bien pourrait-il nous dire : Qui cherchez-vous? Et si notre quête allait nous mener enfin jusqu’à lui? Si nous prenions le temps de le chercher, le loisir de l’écouter, la décision de marcher à sa suite jusqu’à demeurer avec lui? Nous apprendrions peut-être que cette demeure, c’est lui, c’est nous. Lui avec nous, nous avec lui. C’est aussi bien tout notre être qui devient sa demeure, comme le suggère S. Paul : « Vos corps sont les membres du Christ. Celui qui s’unit au Seigneur ne fait avec lui qu’un seul esprit »
Nous faut-il à la fin aller chez lui ou bien le laisser venir chez nous? Il nous accepte tels que nous sommes. Il s’invite même à faire chez nous sa demeure? « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe, dit le Seigneur. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20).