Christ est là! N’ayons plus peur!
Nous fêtons cette nuit la naissance de Celui qui se présente à nous dans son mystère d’incarnation. Le charme, la douce paix de cette nuit sainte nous attirent toujours et nous interpellent chaque fois. Notre esprit et notre cœur retrouvent avec plaisir d’heureux souvenirs d’enfance et d’adolescence marqués de la joie inoubliable de cette fête.
Mais nous sommes maintenant en 2020. Nous avons certainement beaucoup changé depuis notre âge tendre. Et cette nuit, le récit du premier de tous les noëls nous rejoint chacun/e avec la couleur et l’accent particulier des circonstances que nous vivons. Le Seigneur, lui, s’adapte toujours; il veut tellement se faire proche de nous. Il s’offre à nous rejoindre dans la plus grande simplicité là où nous en sommes dans nos cheminements personnels et collectifs.
Autrefois, par exemple, nous vivions une belle unanimité religieuse. C’était l’époque du consentement général de notre société à cette naissance prodigieuse du Christ en notre chair. La nativité du Seigneur était au cœur de cette grande Fête. Aujourd’hui cette référence première à la foi va moins de soi. L’adhésion chrétienne n’est pas partagée par tous, loin de là. Il y a chez nous une hésitation, un rejet même de la part de plusieurs. On n’ose plus dire Noël, on dit « les Fêtes ». Ça passe mieux! Ça dérange moins. C’est plus inclusif, dit-on.
Pourtant le Mystère est là, toujours le même, toujours nouveau! Ce n’est pas la faute du Bon Dieu si nous avons de la difficulté à le reconnaître. Il a bien fait tout son possible pour se rapprocher de nous en devenant petit enfant en Palestine autrefois. Voici qu’il s’offre encore cette nuit à l’adhésion de notre foi. Il le fait doucement, humblement, plus pauvrement que jamais peut-être.
Et voilà qu’encore peut-être nous avons peur de lui. Nous reculons devant trop de beauté, trop de bonté, trop de pureté. La joie intense de Noël est trop vive, trop forte pour notre cœur. L’innocence et la candeur, l’humilité et la pauvreté d’un tout petit enfant seraient-elles trop lourdes à supporter, la joie et la paix qu’il nous apporte, seraient-elles à ce point incroyables, improbables, que nous n’osions pas lui donner notre consentement? Peut-être avons-nous vraiment peur?
L’ange le disait pourtant aux bergers : « Ne craignez pas! C’est une Bonne Nouvelle que je vous annonce.» Comme il avait dit à Marie : « Sois sans crainte Marie, tu as trouvé grâce devant Dieu ». Ce qu’il avait dit d’ailleurs aussi à Joseph dans un songe, de même qu’à Zacharie dans une vision, un peu avant. Il nous le dit à nous aussi : « Ne craignez pas. Aujourd’hui vous est né un Sauveur! »
Il te le dit à toi : N’aie pas peur de croire, tu en es capable. N’aie pas peur d’espérer, elle est pour toi cette Bonne Nouvelle. Il est pour toi le Royaume qui vient. Ne crains pas d’aimer, de te laisser aimer, car tu as du prix aux yeux du Seigneur.
L’Enfant de Bethléem que nous accueillons cette nuit vient pour notre bonheur. Il ne vient pas pour nous rendre la vie plus difficile. Bien au contraire! Son fardeau est léger. Il a le poids d’un tout petit enfant. Il demande à se laisser bercer dans nos bras, cajoler, instruire et éduquer de nos mœurs, de notre culture, de nos rêves, de nos amours. Il s’offre à porter avec nous la souffrance, les joies et les nécessités de la vie; il nous accompagne en nos labeurs jusqu’à la mort, tellement il est fidèle et il veut communier à notre condition humaine. C’est ainsi qu’il donne sens à tout ce que nous vivons; il en montre l’aboutissement ultime : c’est le Royaume des Cieux pleinement achevé.
Frères et Sœurs, allons donc simplement et joyeusement à la crèche! Soyons de la Fête! Célébrons dans la joie la première venue du Seigneur! Cette mémoire nous ouvre ultimement sur le mystère du Christ ressuscité, qui est là chaque jour avec nous. Il se rend présent dans cette Eucharistie qui nous rassemble. Sachons qu’un jour il sera là en toute sa gloire.