Au rendez-vous de l’Amour!
« L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » Après les péripéties des événements reliés à la naissance de Jésus et aux rites religieux qui le concernent, nous retrouvons donc l’enfant et ses parents, Marie et Joseph, à Nazareth, en Galilée. C’est là qu’il va grandir auprès de ceux qui, on peut le penser, l’aiment plus que tout au monde.
À part le bref épisode de son escapade au temple à l’âge de 12 ans, nous perdons de vue pendant 30 ans celui que nous retrouvons auprès de Jean-Baptiste avant qu’il ne s’engage avec des disciples dans la tournée missionnaire que l’on sait, d’abord en Galilée, puis en Judée jusqu’aux événements tragiques de Jérusalem. Et on connaît la suite…
La sainte famille de Nazareth, il nous est proposé de la contempler pour qu’elle nous soit l’exemple, le modèle qui nous guide dans notre expérience de la vie familiale. La famille de Jésus, Marie et Joseph pourtant n’a rien en apparence de bien spécial. Elle a été comme bien des familles juives, à l’époque, fortement marquée par la tradition ancestrale, la religion, dans un équilibre relationnel et social de type patriarcal, c’est-à-dire dans un cadre de vie dominé par la figure du père.
Nous constatons évidemment une grande différence de ce modèle familial de Nazareth avec ce qui se vit de nos jours, du moins chez nous au Québec. Nous avons d’ailleurs de la peine à nous y retrouver, tellement notre société a changé. Les couples n’ont plus la stabilité d’autrefois. On se sépare facilement pour recomposer autrement la famille. Les enfants vont et viennent d’une maison à l’autre. On trouve des parents adoptifs qui sont du même sexe, des femmes célibataires vivant seules avec un ou plusieurs enfants. Nos repères sociométriques ont bien changé. Est-il approprié de parler encore de l’humble et bien classique famille, menant une vie cachée et sans histoire, à Nazareth? Peut-elle vraiment nous servir de modèle?
Si c’était par nostalgie, pour revenir au bon vieux temps, pour pleurer sur notre sort et déplorer nos possibles maladresses d’aujourd’hui, une telle référence serait sans doute mal venue et inutile. Si c’est pour nous recentrer sur l’essentiel, pour nous accompagner dans nos désirs de redressement, pour nous parler de miséricorde, d’amour, de foi, de rédemption, alors ce recours fait du sens et peut grandement nous inspirer et nous aider.
Permettez-moi de citer ici pour terminer ces mots parmi bien d’autres du pape François, lui qui fait tellement pour rejoindre les gens d’aujourd’hui aux prises avec des situations inédites et des défis immenses. Le pape prenait la parole à Philadelphie, aux USA, le 26 septembre 2015, lors d’une fête des familles organisée pour sa visite là-bas : « Dieu est entré dans le monde par une famille, disait le pape. Et il a pu le faire parce que cette famille était une famille qui avait le cœur ouvert à l’amour, qui avait les portes ouvertes. Pensons à Marie, jeune fille ! Elle ne pouvait le croire : « Comment cela peut-il arriver ? » Et quand on le lui a expliqué, elle a obéi. Pensons à Joseph, rêvant de former un foyer, et il se trouve devant cette surprise qu’il ne comprend pas. Il accepte, il obéit. Et dans l’obéissance par amour de cette femme, Marie, et de cet homme, Joseph, se forme une famille dans laquelle Dieu vient. Dieu frappe toujours aux portes des cœurs. Il aime à le faire. Cela lui vient du cœur. Mais savez-vous ce qu’il aime le plus ? Frapper aux portes des familles. Et trouver les familles unies, trouver les familles qui s’aiment, trouver les familles qui aident leurs enfants à grandir et les éduquent, et qui les font progresser, et qui créent une société de bonté, de vérité et de beauté. »
Peut-être que le format régulier et traditionnel de la famille n’est pas le seul à pouvoir être ce lieu qui apporte l’amour aux enfants et nourrit celui des parents. Oui, les temps et les mœurs ont changé. Les défis de la modernité sont grands. Les situations chez nous sont inédites. Les conditions de vie sont différentes. Mais demeure chez tous le besoin d’aimer et d’être aimé. Or la sainte famille de Nazareth se profile sous nos yeux comme un appel à composer avec l’inédit, l’imprévu, le Mystère dans notre quête pour sauver l’amour. Sachons bien que la grâce de Dieu ne va pas manqué à ceux qui, profondément et honnêtement, s’ouvrent à l’appel de l’Amour.