Récemment, les nouvelles mesures de confinement en France ont conduit les autorités à limiter l’accès à des produits jugés non essentiels pour limiter la concurrence déloyale des grandes surfaces par rapport au commerce de proximité. Je n’entrerai pas dans le débat légitime sur le caractère arbitraire, bricolé et incohérent de mesures qui visent surtout à montrer qu’on « fait quelque chose » par temps de COVID.
Le fait est que l’une des critiques qui a émergé, portait sur le caractère essentiel ou non des articles proscrits. Passons rapidement sur le fait qu’à mes yeux, ne pas accéder à des vêtements neufs pendant quatre semaines n’a jamais constitué une atteinte gravissime à mes droits constitutionnels, au grand dam de mon épouse qui apprécierait que je renouvelle plus souvent ma garde-robe.
La réflexion que peut susciter une telle réaction est de nous demander de quoi nous avons réellement besoin. Notons au passage que le besoin ici est un besoin de consommer. Certes, s’alimenter et se vêtir relèvent de besoins fondamentaux qu’il serait trop facile de renier du haut de sa tour d’ivoire. Néanmoins, depuis qu’Abraham Maslow a conçu la pyramide des besoins fondamentaux, nous disposons d’outils pour reconnaître une hiérarchisation des besoins fondamentaux même si depuis, le modèle a été âprement discuté.
À côté des besoins physiologiques et des besoins de sécurité, l’être humain ressent la nécessité de l’attachement affectif et d’être reconnu comme un individu aimable mais aussi ultimement de s’accomplir. Mais cet accomplissement ne saurait se complaire dans l’autosatisfaction de projets personnels. C’est là, la principale dérive vers le marché du développement personnel que le management d’entreprise a porté aux nues depuis les années ’80.
Nous ne pouvons nous accomplir sans le regard des autres, sans l’approbation d’autrui. Dès notre plus jeune âge en famille, nous grandissons sous le regard de nos parents, cherchant l’approbation de ceux qui nous précède sur le chemin de vie. Or, pour nous chrétiens, notre vie se déroule sous le regard de la communauté et sous le regard du Christ. Rémi Brague dans la Voie romaine nous montre que la culture occidentale, qui tire ses racines de l’héritage gréco-romain et de l’héritage chrétien, est une culture seconde. Elle s’affirme toujours, non en « rupture avec » mais « hérité de ». C’est la frontière avec le moderne qui affirme la nécessité de la rupture avec la Tradition.
Nous affirmons comme croyants la nécessité fondamentale de la Parole. Et cette parole n’est pas une parole qui divise et sépare mais qui unit et inclut. L’exclusivité est de Satan mais l’inclusivité est de Dieu. La Parole est une parole qui libère, une parole d’espérance, une parole qui ouvre un horizon même dans les champs de ruines les plus sombres. Notre Foi est une foi pour les autres pour qui nous affirmons le besoin de la Parole, par-delà les clivages et les différences. Ce besoin est fondamental et transcende les différences au sein de l’humanité.
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6,68)