Henri J. M. Nouwen (1932-1996) est un auteur spirituel moderne bien connu. Il a beaucoup écrit, et nous reprenons quelques pensées du journal de sa dernière année.
Même si j’ai célébré plusieurs mariages, chaque fois que je dois le faire j’éprouve encore un peu de nervosité et d’anxiété. Il me semble qu’il y a tant de détails dont il faut tenir compte que je suis rarement en paix intérieurement aussi longtemps que tout n’est pas terminé.
Le passage de l’évangile de Jean où il est question du grand commandement de l’amour que nous devons avoir l’un pour l’autre a inspiré les mots que j’ai dit au sujet du soin qu’il nous faut prendre de notre propre cœur, l’un de l’autre, et des autres.
Au moment de la communion, j’ai demandé à chacun de s’avancer pour recevoir le pain consacré ou une parole de bénédiction et d’encouragement. Plusieurs sont venus chercher une bénédiction, et plusieurs de ceux qui étaient venus communier se sont approchés de moi par la suite pour que je les bénisse. C’est ainsi que j’ai eu des paroles de bénédictions pour plusieurs personnes au cours de l’après-midi. J’ai réalisé à quel point les personnes sont touchées par de simples paroles de réconfort, d’encouragement ou par le fait de s’entendre dire qu’elles sont capables de se prendre en main, quand ces paroles sont prononcées au nom de Dieu.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Marc 12, 29-30). C’est à ces paroles que nous avons réfléchi durant l’Eucharistie matinale. L’amour de Dieu, du prochain et de soi-même ne forme qu’un seul amour. Ce grand commandement est un appel à la plus profonde unité, dans laquelle Dieu, le peuple de Dieu et nous-mêmes participons à un amour unique. Dans ce sens, le grand commandement est beaucoup plus qu’une prescription morale. Il nous engage toujours, partout, et en toutes choses, à vivre et à travailler pour que tout ne fasse qu’un. Tout ce qui existe est un. L’amour divin englobe tout. Nous sommes appelés à rendre cet amour visible dans notre vie quotidienne.
Cette unité peut être envisagée de trois façons. Premièrement, quand nous parviendrons à tourner tout notre être vers Dieu, nous nous trouverons – nous-mêmes et notre voisin – dans le cœur de Dieu. Deuxièmement, quand nous nous aimerons nous-mêmes comme les enfants bien-aimés de Dieu que nous sommes, nous serons en complète unité avec notre voisin et avec Dieu. Troisièmement, quand nous aimerons notre voisin, notre voisine, véritablement, comme on aime son frère ou sa sœur, nous nous trouverons, à ce moment-là, en complète unité avec Dieu et avec nous-mêmes.
Il n’y a rien qui arrive en premier, en second et à la troisième place dans le grand commandement. Tout est un : le cœur de Dieu, le cœur des gens et notre propre cœur. Les grands mystiques l’ont bien compris et ont vécu cela.