Pour une Mission de Paix, de Justice et d’Amour
« Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ. » Jésus avait bien raison de leur imposer le silence. Ne risquons-nous pas nous aussi de ne pas comprendre ce que cela signifie être le Christ, être ses disciples?
Rappelons-nous dimanche dernier. Nous étions avec Jésus à Césarée-de-Philippe, loin dans nord du pays. C’était le moment et le lieu de la confession de foi de Simon Pierre. À la question de Jésus : Pour vous, qui suis-je? Simon avait répondu avant tout l’monde, au nom des autres: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jésus de lui répliquer : Simon, fils de Yonas, tu as dit vrai, mais c’est mon Père qui t’a révélé cela. Et c’est sur cette foi de Simon que Jésus a voulu bâtir son Église : Moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Or c’est tout de suite après, de ce même lieu de Césarée-de-Philippe, que Jésus aujourd’hui entreprend sa longue marche vers Jérusalem, pour y porter son grand témoignage. C’est aujourd’hui qu’il annonce sa passion prochaine; une première annonce, qui sera suivie de deux autres dans le même sens.
Si Jésus demande le silence aux disciples suite à la profession de foi de Simon Pierre, nous comprenons que c’est parce qu’il a une certaine réserve quant au titre de Messie ou de Christ, que Pierre vient de lui décerner. Ce titre donne à penser que le Seigneur va prendre les armes et se battre, mener une campagne victorieuse pour établir la Royauté en Israël. Le vieux rêve millénaire de l’attente messianique pourrait donc bientôt se réaliser. C’en serait fini de l’humiliation d’une domination étrangère oppressante. Les promesses pourraient enfin s’accomplir de la plus éclatante et glorieuse façon. C’est bien ce que nous souhaiterions nous aussi parfois de tout notre cœur.
Mais non, Jésus ne voit pas les choses venir de cette manière. Pour lui, il ne saurait être question de violence et de combat armé, de solution imposée par la force et l’autorité physique, militaire ou politique. La mission du Christ Jésus va se vivre autrement. Ce sera une mission de paix et d’amour, de don de soi et de solidarité avec les plus petits, un témoignage fort de compassion, de miséricorde et de pardon, de justice et de vérité, de liberté courageuse, dans la plus profonde fidélité à la condition humaine. La mission messianique s’avance dans l’humilité, dans la charité, dans l’offrande que fera le Christ de lui-même, jusqu’à mourir de la plus abjecte façon. Tel sera le destin du vrai Messie, le passage obligé, même pour celui ou celle qui voudra être avec lui et le suivre. Chemin d’engagement, de peines et de souffrances, de persécution et de mort, chemin d’amour et de réconciliation, chemin de mort et de résurrection pour une vie nouvelle. Mystère pascal!
On comprend la stupeur et le déni de Simon Pierre. Son refus net d’entendre Jésus parler de la sorte. Il exprime aussi notre résistance Ce qui lui vaut, à lui et à nous aussi, l’insistance de Jésus. Oui, le Christ aura à souffrir persécution et rejet. Sa fidélité à la mission du Père est à ce prix. Les chemins des disciples comme celui du maître seront chemins d’humilité, de don de soi, de douceur et d’amour, chemin de croix allant jusqu’à la mort même. Qui veut sauver sa vie doit la perdre… qui perd sa vie pour le nom du Christ la trouvera. Aimer comme lui, c’est se donner. Se donner, c’est toujours se perdre. Mourir à soi, c’est vivre!