Ça y est, le virus est parti; il n’est plus là. Du moins veut-on le croire. La partie de cache-cache commence. Reviendra-t-il sous peu, s’est-il tapi quelque part loin de nos peurs? Changera-t-il de forme pour mieux nous agresser, reviendra-t-il incognito pour mieux nous frapper?
Le confinement s’achève progressivement et avec lui, l’isolement social fait place dans notre espace public aux gestes barrières. Alors que Lazare est sorti du tombeau, les habitudes peuvent reprendre: se déplacer, travailler, se distraire, consommer.
Toute la question maintenant est de savoir si nous reprenons collectivement notre vie d’avant ou si nous travaillons à construire une société différente en nous appuyant sur les enseignements que nous avons à tirer des derniers mois passés confinés.
Quand Noé sort de l’arche, ce n’est pas la fin de l’histoire mais bien le début d’un nouveau monde. Quand l’aveugle Bartimée est guéri, il a beaucoup de choses à voir désormais et la petite fille que Jésus relève a toute une vie à vivre. Oui, mais laquelle ?
Le virus peut muter mais nous, pouvons-nous changer pour avoir le cœur à la bonne place ?
Les soins de santé, l’enseignement scolaire, l’aide aux personnes âgées, aux personnes isolées et démunies, sont apparues dans cette crise comme des secteurs clé de notre société qui allaient pourtant de soi jusque-là. Mais depuis quarante ans, le sous-financement de l’aide à la personne pour des raisons comptables a montré que l’humain adorait à nouveau le Veau d’or.
Fort de la foi dans le Christ, nous avons à porter une parole qui proclame, d’abord dans nos familles, l’importance de l’être sur l’avoir, qui dénonce une course aux profits générateurs d’inégalités et d’atteintes durables à l’environnement. Nous ne pouvons plus comme chrétiens rester tièdes face aux marchands qui vendent le bonheur en boîte et la bonne conscience en téléthon. L’Esprit nous a envoyé un Pape qui promeut la simplicité de vie et le respect de l’environnement. Il en irrite plus d’un dans notre église et cela en dit long sur les compromissions de l’institution avec le siècle.
Hardi donc ! Que ce déconfinement soit l’occasion de construire une nouvelle solidarité fondée sur le soin et le lien, de nouveaux regards sur l’autre et non sur soi et une nouvelle intériorité qui fasse de la contemplation de la Création le premier pas vers le respect de notre Terre.