Regard neuf sur un monde nouveau!
« Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder verse le ciel? » Les
onze apôtres se font vite ramener sur terre. Leur regard désormais doit se porter vers les
autres, vers eux-mêmes, vers les réalités quotidiennes de leur vie. Jésus les a quittés non
pas pour qu’ils soient des nostalgiques, des rêveurs avec la tête dans les nuages, mais bien
plutôt des êtres responsables de la suite des choses, qui portent en eux le mystère de leur
Seigneur, la bonne nouvelle d’une Espérance pour le monde, dont ils ont la mission de
témoigner avec la force de l’Esprit.
L’étape de l’Ascension nous interpelle. Elle concerne, bien sûr le Christ et son
grand passage, sa montée vers le Père, l’achèvement victorieux de son parcours. Mais,
comme tout ce qui appartient au Christ, son élévation auprès du Père a des conséquences
importantes pour nous.
La liturgie du Jour nous rappelle le sens et la portée de ce Mystère. Pour en parler,
les trois lectures ont chacune leur accent; elles portent chacune un regard particulier sur
l’événement.
Revenons d’abord à la 1 ère lecture : « Pourquoi rester là à regarder au ciel? » Oui,
il y a mieux à faire que de rester immobile, en attente, nous disent les Actes. Les disciples
seront les témoins actifs et fidèles de ce que Jésus a dit et fait. S’ils sont les porteurs de la
bonne nouvelle de Pâques, nous comprenons que c’est dans le temps de l’Esprit qu’ils
s’engagent, le temps des voyages de la Parole pour une poussée missionnaire inédite et
formidable.
Un deuxième regard nous est proposé dans la lettre aux Éphésiens, où nous
retrouvons les thèmes chers à Saint Paul. Un regard contemplatif sur le Christ glorifié par
le Père. Regard plein d’amour sur le Seigneur des Seigneurs, l’élu du Père. « Que Dieu
ouvre les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez voir dans le Christ la tête du corps
qui est l’Église, cette Église qui est l’accomplissement total du Christ. » Nous sommes à
cet égard éminemment concernés. Comment ne pas nous émerveiller nous aussi et rendre
grâce pour l’œuvre du Salut, cette mystérieuse appartenance qui se réalise ainsi pour
nous, avec nous, dans le Christ?
Il nous reste, à la fin, le regard de l’Évangile de ce jour, quand le Ressuscité se
présente aux onze disciples pour le rendez-vous en Galilée. À sa vue, il est dit que tous se
prosternèrent, bien que certains avaient des doutes. Jésus a le don de les encourager. Il
leur fait malgré tout confiance. Il leur donne mission d’aller vers les autres, pour
enseigner, transmettre leur regard de foi à toutes les nations. C’est une grande sortie, une
poussée en avant qu’il leur demande. Non pas pour contrainte et condamner, mais pour
faire miséricorde, instruire et rassembler. Une mission à vivre dans la fidélité aux valeurs
d’Évangile, sous le regard bienveillant et plein de sollicitude de Celui qui les
accompagne.
L’Ascension du Seigneur donne sens à notre vie. Désormais la porte nous est
ouverte pour aller vers le Père; nous avons déjà part au mystère du Christ glorifié; nous
lui sommes intimement liés par la foi, l’espérance et l’amour. Nous sommes responsables,
chacun/chacune pour notre part, d’une communion à vivre dès ici-bas les uns avec les
autres pour que s’accomplissent pleinement l’œuvre du Salut avec l’énergie de Celui qui a
donné sa vie par amour et nous envoie l’Esprit Saint. L’Ascension n’est pas l’éloignement
ou l’absence du Seigneur, bien au contraire, elle ouvre nos yeux sur sa présence en son
Corps qu’ensemble nous formons dans l’Esprit, et dont le Christ, le Ressuscité est la tête.