Un sujet s’impose à nous en ce printemps qui s’amène à son heure! On serait bien mal venu de n’en pas parler tellement ce thème nous hante et devient notre obsession. La pandémie du COVID-19 se répand universellement! Nous n’avions pas prévu qu’elle puisse se déployer autant et déjouer aussi rapidement tous nos plans. Jusqu’où ira-t-elle? Et jusqu’à quand?
Depuis des mois, elle s’approchait pourtant de nous. Fallait-il attendre qu’elle nous tombe dessus pour enfin nous protéger? Voici que maintenant elle s‘étend à ce point qu’elle nous englobe tous dans sa sphère maléfique toujours en expansion. Depuis des semaines nous en parlons. Nous suivons de jour en jour son progrès, ses malheurs, le bilan de ses ravages, de ses victimes. Ce momentum qui n’en finit plus, nous affecte grandement dans nos rapports avec le monde, avec les personnes qui nous entourent, avec nous-mêmes.
Nous avons peur! Y aurait-il en cette épreuve une fatalité à laquelle nous désespérons de pouvoir échapper? Serait-ce une punition de masse? Un châtiment universel? Nous cherchons la cause. Nous sommes en quête d’un bouc émissaire peut-être? Plus réalistement, nous improvisons ensemble des ripostes, des manières de contredire les scénarios de catastrophes qui nous mèneraient vers le pire. Il y a là une belle solidarité qui se dessine et s’affirme, nécessaire et naturelle, impressionnante! Merci à tous ceux qui se lèvent pour le combat, pour les soins et l’entraide!
Il reste que, mis à part le personnel des soins et des premières lignes de tous ordres où s’allongent les foules de nécessiteux, mis à part les gens de l’urgence et de l’ordre public, notre pays tout entier est en pause forcé, en dormance thérapeutique. Et nous sommes tous là occupés à ne rien faire, préoccupés de nos seules affaires familiales et domestiques, reliés aux autres par le fil ou le sans fil, le son et l’image, tous à bonne distance les uns des autres, s’il vous plaît!
Comment vivre cette quarantaine sans tomber dans la passivité, la somnolence, le découragement, la tristesse, la nervosité ou la contention? N’avons-nous pas plutôt l’opportunité de rattraper le temps perdu ou de prendre de l’avance sur des projets à venir? Nous est-il trop difficile de nous concentrer quand le stress de la guerre nous tient, avec l’inquiétude pour les nôtres, pour nous-même, alors que nous sommes aux aguets à nous demander jusqu’où? Jusqu’à quand?
Pour échapper à cette autre pandémie qui nous guette, qui serait de perdre notre temps et nos repères, de nous désoler, de mourir d’ennui, il existe une panacée! Il faut nous prendre en main. Se donner une discipline qui empêche de flotter aux quatre vents. Organiser ce temps qui est donné. Se tourner volontiers vers des proches. Se défier d’un égoïsme facile, qui est un penchant tellement naturel. Résister à l’enfermement. Habiter résolument sa chambre intérieure pour en ouvrir résolument la porte aux amis, aux intimes, à Dieu le Père qui souhaite y demeurer avec chacun en communion avec le Fils et l’Esprit. Et pourquoi pas la lecture, l’écriture, la méditation, la prière? Pourquoi pas mille petits services dans la maison? Le ménage longtemps procrastiné, accompli une bonne fois? Un partage plus équitable des tâches domestiques? Un effort pour mettre de l’ordre et des priorités dans sa vie!
Nous passerons un drôle de Pâques, cette année! Dans le silence et la discrétion, c’est certain! Ce sera peut-être davantage ressemblant à ce qu’il en fut la première fois. Quand Jésus soudain fut arrêté, mené en prison, malmené, isolé dans son tourment, mis en croix, mis au tombeau, confiné dans le silence étouffant du tombeau. Et puis soudain ce fut, pour lui et pour nous, le jour éclatant de lumière et de vie nouvelle, la merveille de sa résurrection, prémisse de la nôtre.
Nous pouvons espérer que nous aussi, par la grâce de Dieu et l’effort de nos soignants et de nos chercheurs, nous trouverons un terme heureux à cette immense épreuve, qui nous aura été un chemin béni d’offrande, une route difficile de libération, un sentier résolument lumineux de paix et d’amour!
Fr Jacques Marcotte, OP
Québec