De longue date, dans l’Eglise, le célibat consacré a toujours eu la part du lion dans les promus à la sainteté. Peu de gens mariés ont accédé au statut de saint. Loin de moi de vouloir jalouser ce fait et dénigrer la vocation noble du célibat des religieux. Pour beaucoup, ce célibat permet de se consacrer entièrement aux autres dans la charité. Mais, depuis quelques temps, la météo pour eux n’est pas au beau fixe. Je dirais même plus : sale temps pour le célibat consacré !
Longtemps, la vie des religieux a transcendé celle des gens mariés. Ils étaient des modèles à suivre pour nous. Des modèles inaccessibles. Comment pourrions-nous consacrer autant de temps par jour à la prière au milieu de l’horaire surchargé en famille. Certains jours, quand on arrive à faire un bénédicité et un signe de croix sur le front du petit dernier avant de dormir, on sent déjà qu’on a accompli une dense vie de prière familiale. Les gens mariés développent parfois des complexes d’infériorité spirituelle.
L’église a pourtant besoin de chacun de ses membres. Saint Paul ne dit-il pas que chaque membre du corps de l’église compte ? L’un n’est pas au-dessus de l’autre. Mais dans nos esprits humains, nous catégorisons tout. Et nous oublions que nous sommes ce même corps. Alors, nous commençons à élever certains membres au-dessus des autres. Ceux-là deviennent des héros. Nous les sacralisons de leur vivant. Et certains d’entre eux finissent par s’y croire. Et nous tombons tous de haut lorsque nous réalisons que nous nous sommes trompés…Que nous avons été trompés.
Pour une fois, je pense que les membres mariés de ce corps de l’église peuvent apporter une expérience précieuse à l’ensemble. Il y a bien peu de risque qu’un époux devienne soudainement sanctifié de son vivant…car entendant ses louanges, aussitôt, sceptique, son épouse ne manquerait pas de rappeler ses petits travers. L’inverse est aussi vrai. Il n’y a pas de grand maitre pour son valet ! Au fond, le mariage nous renvoie à l’humilité. Car l’autre, celui qui partage intimement les secrets de notre âme, sait bien les petites lâchetés, mesquineries ou paresses que nous portons comme une épine dans la chair. Cette épine n’a jamais autant parue essentielle. Elle nous invite à ne pas oublier tout le chemin qui reste à parcourir. Nous ne sommes pas rendus ! C’est sur ce chemin que le corps entier du Christ doit être uni, se solidarisant, s’enrichissant de toutes nos vies et s’exhortant ensemble à avancer.