Les « Quatre Bramavihâra » (demeures de Brahma) font partie de la discipline mentale proposée par les textes les plus anciens. Il s’agit des méditations sur la bienveillance, la compassion, la sympathie pour la joie ou pour le bonheur des autres et la sérénité ou équanimité. Nous proposons ici la méditation sur la bienveillance.
Avant de commencer cette méditation, il faut choisir trois personnes vers lesquelles on envoie des pensées de bienveillance :
– Un être qui est très cher (mais cela ne doit pas être quelqu’un qu’on aime avec passion, ni un mort);
– Un être pour lequel on ne sent que de l’indifférence;
– Un être qui est hostile ou un ennemi.
Ayant choisi les personnes et accompli les respirations habituelles recommandées, on se remplit de bienveillantes pensées pour soi-même.
La méditation commence ainsi :
Les quatre personnes :
- Soi-même
Se dire :
« Puissé-je être heureux, garder mon bonheur et vivre sans inimitié,
je suis rempli d’une pensée d’amour bienveillant. »
- L’être cher
Se dire :
« J’envoie des pensées d’amour à … (l’être cher).
Puisse-t-il (ou elle) être heureux, garder son bonheur, vivre sans inimitié. »
Continuer à entourer et à baigner cette personne de pensées d’amour bienveillant.
- L’être indifférent
Se dire :
« J’envoie des pensées de bienveillant amour à … (personne ordinairement indifférente).
Puisse-t-il être heureux, garder son bonheur, vivre sans inimitié. »
Continuer à entourer et à baigner cette personne de pensées bienveillantes.
- L’être hostile
Se dire :
« Telle personne m’a été hostile, inamicale.
Puissé-je me libérer de toute inimitié envers elle. Je ne lui veux aucun mal. Puisse-t-elle être libre de souffrance et libérée d’inimité.
Puisse-t-elle être heureuse et garder son bonheur. »
Ignorer les poussées de sentiments hostiles qui surgiront, les écarter en répétant :
« Je ne suis que bienveillance, bienveillance, bienveillance. »
Si les pensées hostiles persistent, penser aux bonnes qualités de cet être, qu’il se fait mal en agissant avec hostilité…
Synthèse
Il faut maintenant tâcher d’envelopper dans une seule et même pensée d’amour bienveillant : soi-même, l’être indifférent et l’être hostile.
Essayer de les confondre dans une pensée d’amour, dans l’imagination.
Comme au cinéma, on fait paraître et disparaître rapidement l’image de l’un pour faire place à l’image de l’autre.
Il faut arriver à ne plus faire la distinction entre soi-même et autrui, car on n’est plus qu’une pensée de bienveillance. Quand les barrières de la personnalité sont abattues, la méditation a atteint son but.
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G. Constant Lounsbery, La médiation bouddhique : étude de sa théorie et de sa pratique selon l’École du Sud, Paris, Libraire d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, 1979, p. 114.