Sœur Emmanuel, née Madeleine Cinquin (1908-2008) est souvent surnommée « La Petite Sœur des chiffonniers » ou « La petite sœur des pauvres » et elle est connue pour ses œuvres caritatives en Égypte. De nationalité belge et française, elle obtient la nationalité égyptienne en 1991. Elle a écrit plusieurs ouvrages de spiritualité.
Une grande partie de l’humanité refuse Dieu. Est-ce que cette partie de l’humanité qui se sépare de Dieu est perdue. Je ne le pense pas.
Croire en Dieu n’est pas facile. La foi n’est pas donnée à tout le monde. En Europe, la plupart des jeunes au lycée, en classe terminale, reçoivent une formation philosophique. On leur apprend à discuter, à aguerrir l’esprit dans le raisonnement et l’argumentation. Tout doit être prouvé, démontré avant d’être accepté. C’est excellent. Et ils ont raison de se demander : « Dieu, dans tout cela, à quoi sert-il ? J’engage chacun à se poser la question et à chercher la réponse.
Le jeune, la femme ou l’homme qui, au terme d’une investigation sérieuse, ne trouvent aucune raison solide d’avoir la foi, ne doivent pas être considérés comme moins bons qu’un autre qui aura découvert des raisons de croire. En un sens, le Christ ne demande pas qu’on ait la foi. Il nous a donné un seul commandement : « Aimez-vous les uns les autres ! ».
Il nous a dit qu’au Jugement dernier, il s’adressera à nous et nous accueillera à bras ouverts avec ces mots : « J’ai eu faim, tu es venu vers moi. Entre dans la joie de ton Seigneur ! ».
Je pense souvent à Yasmina qui ne croit pas en Dieu. Elle est responsable des détenus à leur sortie de prison. Elle consacre tous ses efforts à les aider, leur trouver du travail, leur proposer des traitements, des cures de désintoxication si nécessaire. Elle met tout en œuvre pour leur éviter de retomber dans la déchéance. Le cœur de Yasmina est bon. Je dis qu’elle est fille de Dieu. Quand elle mourra, je crois qu’elle verra le Christ se présenter à elle dans la lumière. Elle entendra le Christ lui dire : « Je sortais de prison, combien de fois m’as-tu accueilli avec le sourire ? ». Combien de fois m’as-tu rendu l’espoir d’une vie meilleure ? Combien de fois m’as-tu donné l’envie de m’en sortir ? Entre, Yasmina, dans la joie de ton Seigneur ! »
C’est cela la bonne nouvelle de l’Évangile. J’aime la méditer doucement, en silence. « Entre dans la joie de ton Seigneur ! » Je reprends cette simple petite phrase à la lumière des rencontres marquantes de ma vie. Je savoure ces mots. Je les laisse descendre dans mon cœur. La sève du bonheur de Dieu pénètre en moi.
Ce qui se savoure, ce qui donne de la joie, donne sens à la vie. Les malheureux, que savourent-ils ? » Les plaisirs sont pareils à l’écume. On croit les saisir, mais on n’a rien entre les mains. Comme le dit Pascal : « Tout glisse et fuit d’une fuite éternelle ».
Les prétendus plaisirs de la vie nous laissent l’amertume et la tristesse en arrière-goût. Ils détruisent le bonheur et nous épuisent dans la course à toujours plus de plaisir. Mais il y a autre chose. La source du vrai bonheur est proche, dans notre cœur. Pourquoi chercher au loin ce qui nous appartient déjà ? Pourquoi vouloir acquérir ce qui nous a été donné à profusion ?
Il faut avoir vécu et être passé par la souffrance pour comprendre cela et revenir à
la simplicité de l’’essentiel.