Gens de saveur et de clarté!
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 13-16)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous êtes le sel de la terre.
Mais si le sel devient fade,
comment lui rendre de la saveur ?
Il ne vaut plus rien :
on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde.
Une ville située sur une montagne
ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe
pour la mettre sous le boisseau ;
on la met sur le lampadaire,
et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes :
alors, voyant ce que vous faites de bien,
ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »
COMMENTAIRE
Nous nous sommes rappelés, il y a quelques jours, le drame survenu il y a trois ans à la Grande Mosquée de Québec. Ce soir-là, en ce 29 janvier 201, il faisait un froid extrême à Ste-Foy. Cependant ont alors surgit dans la nuit hivernale des milliers de petites bougies qui disaient notre peine et notre solidarité, la chaleur de notre amitié, notre résistance unanime devant la violence et la mort. C’était l’humble et puissant témoignage de la lumière, l’affirmation d’une conviction profonde : les ténèbres et la mort n’auront pas le dernier mot.
Vous êtes le sel de la terre ! Vous êtes la lumière du monde ! Jésus viens le redire aujourd’hui à ceux et celles qui souffrent persécution pour la justice, à ceux qui sont artisans de paix, à ceux et celles qui sont humbles et pauvres de cœur. Sel de la terre! Lumière du monde! Sans votre présence et votre témoignage, affirme le Seigneur, il manquerait quelque chose. Il n’y aurait pas de clarté. Tout serait sombre et sans saveur, sans rêve et sans avenir.
Du sel, il en faut peu. Il se perd dans les aliments, mais il fait une grande différence pour le goût, la saveur, la conservation. Le sel ne salerait plus s’il perdait sa saveur.
La lumière, nécessaire pour voir clair, n’est pas là pour elle-même, pour se faire valoir, mais pour faire signe, éclairer les visages, le chemin à suivre dans la nuit.
Sel de la terre. Lumière du monde. C’est ainsi que le Seigneur nous voit et nous veut, nous ses disciples, qui voulons le suivre sur le chemin des béatitudes, le chemin du don de soi, de l’humble service de la justice et de la charité, chemin de compassion, de douceur, de pauvreté de cœur, de fidélité. Comme Jésus, notre maître, nous irons jusqu’à donner notre vie pour nos frères et nos sœurs. C’est ainsi que nous serons sel de la terre, en acceptant de nous perdre au service des autres, de risquer notre vie pour les autres, de l’offrir pour les autres.
Rendre le monde meilleur par tous les produits de la justice et de la charité accomplis dans l’humilité et la vérité, voilà notre mission. Rendre notre monde plus beau, plus juste, plus fraternel, plus humain. Et du coup faire œuvre de lumière et d’espérance. Ne rien cacher de nos œuvres bonnes parce qu’elles témoignent d’un autre, elles sont pour les autres. Comment notre Père du ciel ne serait-il pas glorifié par ce qu’il nous a donné de pouvoir ainsi réaliser ?
La Parole de ce dimanche nous entraine donc dans le vif de l’Évangile, au cœur d’un monde blessé. Le prophète Isaïe, en 1ère lecture, évoquait avec réalisme ceux et celles qui souffrent de l’injustice, ceux qui ne peuvent s’en sortir tout seul, ceux et celles qu’il faut aider à tout prix, un monde en détresse et pauvreté. L’appel d’aujourd’hui il est pour la compassion effective, la justice, le relèvement.
Il ne s’agira sans doute pas de moyens puissants et impressionnants. Nous agirons à la mesure de nos moyens, de notre foi et de notre amour, parfois faible et fragile, à la manière du Christ lui-même, le Crucifié, qui est mort pour nous. S. Paul nous rappelait, en 2e lecture, le mystère du Christ. Ce qui est petit, pauvre et peu de choses, perdu dans la masse, a agi sur le monde et l’a transformé. Le Christ n’est-il pas, en sa Pâques, sel de la terre et lumière du monde, apportant saveur à notre monde, sens à notre vie ?
Aujourd’hui il nous révèle notre dignité, en nous disant que nous sommes tous ensemble et chacun, chacune de nous SEL et LUMIÈRE. Il proclame ainsi le rôle irremplaçable qu’il nous donne, l’humble service qu’il attend de nous. Rendons grâce pour cette confiance qu’il nous fait, cette grande puissance que déjà il nous donne, cette force de résurrection qui déjà nous anime. Amen.