C’est bien normal! Nous sommes tout proches encore de la rentrée d’automne. Juste avant l’hiver qui s’amène toujours trop vite. Nous sommes à la fin déjà de la longue saison des sorties, des voyages, des mille rencontres.
Notre agenda collectif est chargé de tout ce qui est dans l’air du temps, de ce qui est à faire pensons-nous. Chargé de tout ce à quoi il nous faut penser. Car avant de faire, il faut penser, réfléchir, approfondir, bien peser le pour et le contre.
À considérer certains enjeux qui retiennent l’attention cet automne, nous retrouvons du neuf et du vieux. Il y a les questions qui toujours reviennent et ne sont jamais réglées. Les ferons-nous avancer un peu cette année?
Il y a, bien sûr, au premier plan, cette fièvre pour l’environnement, cette peur d’un réchauffement climatique accéléré. On en a beaucoup parlé. Des foules ont marché comme jamais pour la cause. Une jeune suédoise est devenue une inspiration étonnante. Certains contestent encore cette prise de conscience. À les croire il n’y aurait rien de menaçant. Se peut-il qu’on puisse ainsi ne rien voir ? N’appréhender rien? Il faut alors vouloir vraiment ne rien entendre. Et pendant ce temps la couche de gaz à effet de serre continue de s’épaissir, de s’étendre, de s’alourdir.
Il est question aussi de cette montrée de la dette collective de nos pays, ici au Canada de même qu’aux États-Unis. Les campagnes électorales en cours mettent ce thème sur le tapis et nous en font voir l’ampleur. Dépenser trop généreusement hypothèque dangereusement l’avenir. Or, s’engager dans une dette colossale pour la mettre sur le dos de la génération qui va nous suivre, c’est facile, mais c’est aussi le comble de l’inconscience et de l’irresponsabilité.
Nous retrouvons – s’exprimant de façon de plus en plus accentué – notre contentieux de blancs venus d’Europe confrontés aux autochtones de chez eux. Toujours nous les avons tassés. Ils sont les victimes chroniques de notre racisme larvé. Là aussi, il nous faudrait le courage d’une réforme législative d’envergure au Canada, qui reprendrait toute la question de nos rapports avec les Premières Nations que nous avons depuis longtemps cantonnées dans les réserves. Se peut-il que les migrants qui arrivent en notre pays connaissent un meilleur accueil et un meilleur traitement que ceux et celles qui nous ont tous précédés sur ces terres où nous sommes nous parvenus il n’y a pas si longtemps?
Faudrait-il parler aussi de la montée chez nous de l’Islam et de son engagement religieux et de son éventuel malaise avec notre laïcité? Ce qu’on espérait avoir réglé pour de bon par une loi passée à la hâte, en forçant la note, pourrait bien ne pas tenir la route. Nous qui nous réclamons de la tradition chrétienne et catholique, ne sommes-nous pas un peu mal à l’aise et déviants potentiels face à une loi aussi restrictive?
Chez nous, dans ce monde qui se dit encore chrétien catholique, c’est la sérénité! Un calme illusoire peut-être? Nous ne demandons plus rien ou bien peu de choses, sinon la paix, la tranquillité. Il n’y a que le pape François qui nous presse, nous poussant à sortir pour aller à la Mission. Mais attention, il n’invite pas à poursuivre une nouvelle utopie. Il ne rêve pas d’un impossible état d’unanimité, Le pape nous parle de diversité, du plein accueil et du respect de la diversité aux divers plans spirituels, culturels, intellectuels de l’humanité du 21e siècle. Il suggère un aménagement de la Mission qui tienne compte de tout ce qui déjà est en attente et en préparation. Il se peut qu’une pareille approche nous dérange un peu dans nos méthodes et nos visées pastorales!
Tous ces enjeux et bien d’autres, nous en parlerons sans doute entre nous en octobre, sans espérer peut-être arriver à des réponses et des solutions définitives. Ces questions sont des « classiques » chez nous et ailleurs. Aurons-nous pour les aborder le courage du regard pénétrant et lucide, de l’écoute attentive, de l’amitié sincère, du dialogue franc et ouvert, de la compassion effective? Si oui, peut-être pourrons-nous contribuer à mûrir ces thèmes, à en débattre utilement, à nous approcher ensemble d’un ordre nouveau vers lequel tous nous tendons?
Jacques Marcotte, O.P. Québec.