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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 28e Dimanche T.O. Année C

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.
NOUS NE DIRONS JAMAIS ASSEZ MERCI

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 17, 11-19)

En ce temps-là,
    Jésus, marchant vers Jérusalem,
traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
    Comme il entrait dans un village,
dix lépreux vinrent à sa rencontre.
Ils s’arrêtèrent à distance
    et lui crièrent :
« Jésus, maître,
prends pitié de nous. »
    À cette vue, Jésus leur dit :
« Allez vous montrer aux prêtres. »
En cours de route, ils furent purifiés.

    L’un d’eux, voyant qu’il était guéri,
revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
    Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus
en lui rendant grâce.
Or, c’était un Samaritain.
    Alors Jésus prit la parole en disant :
« Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ?
Les neuf autres, où sont-ils ?
    Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger
pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »
    Jésus lui dit :
« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

COMMENTAIRE

Plusieurs s’en rappellent, à l’école ou dans leur famille, ce souci qu’on avait d’apprendre aux enfants à dire Merci. Il ne nous est pas naturel de dire merci. Il faut qu’on nous l’apprenne. Nous sommes davantage portés à penser que tout nous est dû. C’est pourquoi il faut souvent revenir à la charge et nous rappeler notre devoir de gratitude et de reconnaissance. Il nous est si facile de l’oublier…

Pourtant qu’avons-nous que nous ne l’ayons reçu?  En vieillissant, nous prenons plus conscience de tout ce que nous devons aux autres. Nous avons tellement de raisons de remercier Dieu et les personnes qui nous ont accompagnés, entourés dans la vie. Nous ne dirons jamais assez Merci! pour tout ce que nous devons à la bonté de quelques êtres qui nous ont donné des chances. Mais voilà, nous disons souvent merci! machinalement et pour la forme, sans même y penser. C’est devenu pour plusieurs une sorte de routine, une habitude qui nous colle à la peau. 

Il y a par ailleurs des fois où le sentiment de dette et de reconnaissance nous vient plus fortement. Nous prenons soudainement conscience de l’ampleur du don reçu ou de l’attention spéciale qui nous a été portée. Tel geste, telle attitude nous ont manifesté parfois une intensité plus grande; ils ont pris une signification toute spéciale pour nous. Il nous vient alors à l’esprit d’exprimer de façon plus marquée notre reconnaissance. Nous sentons le besoin de réagir. De dire notre bonheur, notre émerveillement, notre gratitude. Aussi bien dire que notre relation avec telle personne prend alors une profondeur et un sens nouveau. Voici quelqu’un qui ne peut être que mon meilleur ami, mon sauveur! L’anecdote de l’évangile de ce dimanche va dans ce sens. 

Les 9 lépreux qui ne sont pas revenus auprès de Jésus après leur guérison, ont suivi le programme que Jésus lui-même leur avait tracé : Allez, montrez-vous aux prêtres, leur avait-il dit.  Ils sont alors été purifiés en chemin à la mesure de leur foi commune. Ils ont tous cru en lui assez pour partir et aller se montrer aux prêtres. Ils sont tous guéris de leur mal. Là-bas, ils ont offert le sacrifice prescrit par la loi pour remercier Dieu. On peut dire qu’ils ont fait ce qui leur était demandé. Mais pour le moment ils ne sont pas allés aussi loin dans la foi et l’action de grâce que le Samaritain. Eux, ils n’ont pas osé revenir vers Jésus. Ils n’ont pas mesuré l’immense miséricorde qui leur était prodiguée dans le Christ Jésus; ils n’ont pas reconnu en lui celui qu’ils auraient dû découvrir comme le prêtre, l’envoyé de Dieu à qui ils devaient revenir pour lui offrir reconnaissance. Jésus était bien plus que les prêtres du temple, Jésus était celui devant qui il fallait aller se prosterner.

« Je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël », disait Naaman au prophète Élisée. « Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts », disait Paul à Timothée.  « L’un d’eux, un Samaritain, voyant qu’il était guéri, …  se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. »

Vivrons-nous une démarche semblable à celle du Samaritain, de Naaman et de Paul. Prendrons-nous le temps de réfléchir, d’approfondir notre foi, de revenir vers le Christ. Pour une rencontre personnelle avec lui, pour ne pas en rester aux formalités de la loi ancienne, mais pour entrer dans le vif de l’Évangile et savoir reconnaître en lui notre sauveur. N’allons pas nous contenter avec lui d’un sourire banal ou d’un merci à distance, du bout des lèvres. 

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