Qu’est-ce qu’aimer ? Wikipédia dit que c’est de ressentir « un sentiment intense d’affection et d’attachement envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour. »
Pour nous chrétiens, l’amour constitue le moteur de notre vie. Enfin, il le devrait puisque Dieu se résume à la source de l’Amour. L’Eglise a d’ailleurs conduit la civilisation vers une généralisation des mariages d’amour entre deux êtres. C’était une révolution dans l’histoire, car, de tout temps, on se mariait surtout pour des questions d’arrangements matériels. Le médiéviste Michel Zink nous apprend que, dès le Moyen Age, l’Eglise encourageait les mariages d’amour « par conviction, elle considérait que les époux devaient se choisir et s’aimer. »
L’Eglise, qui n’est pas toujours perçue comme émancipatrice, a pourtant eu ce rôle majeur à jouer dans l’émancipation des êtres par l’amour conjugal. Elle a ouvert pour chacun des futurs époux le droit au consentement, à la liberté de choisir celui avec qui partager sa destinée ! L’amour qui rend libre ! Une avancée remarquable et qui indique la place importante que doit prendre alors l’amour qui passe désormais au-dessus de l’intérêt pécunier.
En frayant dans les coulisses du catholicisme, si vous tendez bien l’oreille, vous entendrez que l’amour n’est pourtant pas une question de « sentiment ». Il est par ailleurs normal qu’après quelques années l’amour ne soit pas « ressenti ». On dit que l’amour est une décision quotidienne, un choix. Ce n’est plus une question de cœur qui bat et qui frissonne, mais de profondeur d’amour.
Dire qu’il ne s’agit plus de sentiment est pourtant un abus de langage. Deux êtres qui prolongent leur chemin ensemble et marchent l’équivalent du GR5 d’une vie ne peuvent omettre de s’appuyer sur leurs sentiments puisque l’homme est un être de sens. Ce sont ses sens qui lui permettent de rester vivant, de percevoir et d’interpréter le monde ainsi que de goûter la vie. Comment pourrions-nous faire abstraction du sentiment dans la vie conjugale ?
L’amour conjugal comporte plusieurs étapes. Bien des gens en demeurent à la première, celle si grisante et si visible du sentiment amoureux qui nous trouble en présence de l’être aimé. Mon grand-père parlait alors du « voile » que les amoureux ont devant les yeux à ce moment. Mais le voile finit toujours par tomber ! On découvre alors l’autre tel qu’il est. C’est alors que débute le véritable amour car on construit avec la personne réelle : ses forces et ses faiblesses.
Pourtant, les sentiments doivent continuer de faire partie de la vie conjugale. Différents, certes, mais tel un thermomètre de la vitalité du couple. Si un couple ne ressent plus rien, c’est tout de même un signe de danger conjugal. Car le quotidien est prétexte à démontrer à l’être aimé qu’on l’apprécie. Ce sont les gestes, les mots qui permettent de faire ressentir à l’autre qu’on l’aime. Il faut donner à l’autre à « voir » l’amour. Ce peut simplement être en le regardant, en exprimant à l’autre la tendresse que nous éprouvons à son égard. Ce sont aussi les mots que l’on donne à entendre et qui expriment ou qui devraient exprimer tout le bien que nous éprouvons pour lui.
Ce sont les caresses qui confirment à l’autre qu’il existe pour nous. Le toucher est un sens important qui permet de sécréter de l’ocytocine, l’hormone de l’amour. Comme quoi tout est lié ! Le toucher apaise le stress et renforce le système immunitaire. Enfin, n’omettons pas ce qui échappe aux sens mais qui toutefois se ressent : les gestes de bonté, d’attention qui donnent à l’autre de ressentir qu’il est aimé, qu’il compte pour nous.
Ce que nous ressentons, donc, est donc important durant toutes les phases de la vie affective partagée. Le mariage n’est jamais un contrat que l’on signe et où l’on n’a plus rien à faire pour entretenir l’amour. Il s’agit d’un jardin que l’on cultive avec soin. Il donne ses fruits malgré les pluies, les vents, les orages. A nous de faire briller le soleil !