On a beaucoup parlé ces derniers jours de la déception des franco-ontariens exprimée lors de l’annonce des restrictions budgétaires de la nouvelle administration provinciale concernant les soutiens institutionnels à la langue française, notamment au niveau du projet attendu de la création d’une université entièrement de langue française en Ontario. Le gouvernement de M. Doug Ford, nouvellement installé, a choisi de couper dans les services aux francophones de façon assez significative. Ces décisions ont suscité de vives réactions et contribué à alerter grandement l’opinion publique. Les réactions ont été nombreuses, généralisées et surprenantes. Et pas seulement en Ontario, mais partout au Canada, y compris au Québec
La répondante du dossier au sein du conseil des ministres, Mme Caroline Mulroney, a paru d’abord attristée par les décisions de son Chef, mais finalement on l’a vue se résigner. S’efforçant même de défendre les orientations prises et d’atténuer l’ampleur des dommages anticipés. On ne pouvait faire autrement pour le moment, selon elle.
Or une jeune femme, membre élue du parti conservateur, députée de Glengarry-Prescott-Russell (un comté à forte concentration francophone), Mme Amanda Simard, a réagi de façon intense et passionnée. Avec une belle détermination et beaucoup de liberté et de franchise, elle a démontré tout de suite qu’elle avait à cœur cette cause.
Madame Simard, nouvelle venue au parlement ontarien, a 29 ans. Elle avait déjà une certaine expérience au plan municipal et régional. Elle a pris le temps de consulter les gens de son comté. Elle a puisé auprès de ses commettants beaucoup de solidarité et de soutien. Aurait-elle le courage de poser un geste personnel radical pour aller jusqu’au bout de ses convictions? Sans doute cette femme n’était pas liée comme sa collègue Madame Mulroney par la réserve ministérielle, mais elle a joué gros en optant pour se désolidariser complètement de l’orientation du gouvernement de Monsieur Ford. Elle a choisi de se retirer du caucus conservateur.
Son geste courageux a été salué par plusieurs. C’était David contre Goliath! Elle a déjà gagné par la valeur emblématique de son geste pour toute la francophonie canadienne.
Merci Amanda pour ton courage qui, à vrai dire, dépasse la cause que tu as voulu servir. Ton geste ne va peut-être pas arrêter le monstre, mais il va retarder le processus qui allait s’enclencher. Et il va tout probablement susciter une forte réaction en chaine. Le prix payé pour poser ce geste d’éclat nous vaut une inspiration lumineuse et nous apporte de l’espoir. Ton geste nous donne confiance dans les jeunes qui s’amènent pour prendre la relève.
Certes l’enjeu est important pour toute la francophonie en Amérique. La force assimilatrice de l’anglais se donne toute permission de s’imposer et contribue à bafouer le droit reconnu officiellement à la langue française partout au Canada. Contrairement à d’autres qui se mettent volontiers à plat-ventre, tu as choisi de te tenir debout. Merci! Ton témoignage nous inspire. Il nous encourage.
Notre démocratie et la gouvernance qu’elle accompagne s’en porteraient bien mieux s’il y avait plus de courage chez les élus, un courage comme celui dont a fait preuve Madame Amanda Simard.
Jacques Marcotte, OP
Québec