Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 18, 33b-37)
En ce temps-là,
Pilate appela Jésus et lui dit :
« Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même,
ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Pilate répondit :
« Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara :
« Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes
qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
Pilate lui dit :
« Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »
COMMENTAIRE
Les images sont fortes. Les mots du prophète Daniel ou ceux de l’Apocalypse impressionnent par tout ce qu’ils suggèrent de grandiose et d’immense. Une entrée bien solennelle pour le Christ qui pourtant s’est fait lui-même si humble et si petit! Un titre de majesté, de puissance, de grandeur, que celui de Roi de l’univers! Et pourtant, lui, si proche, si intime et si discret, tellement présent à ce que je vis et à tout ce qui m’arrive, dans le plus grand respect de ce que je suis et de tout ce qui m’habite!
Serait-il si lointain et si élevé que je ne puis même pas me l’imaginer? Alors qu’il est là à portée de pensée et de cœur? Lui qui se tient à ma porte, et qui demande à venir chez moi pour être avec moi. « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apoc. 3, 20) Voici donc qu’il parle avec moi, avec toi, comme il parle aujourd’hui avec Pilate ou avec le plus humble des serviteurs.
Jésus n’est pas roi à la manière du monde. Il n’est pas celui qui fait peur et qui se fait servir et qui se cache derrière une armée de subalternes. Jésus est présent, en direct, sur le terrain. Il fait la vérité partout, il est lui-même la Vérité. Il est amour et fidélité. Il est pour nous le chemin, la vérité, la vie. Il l’a dit. Il l’est véritablement pour chacun, pour chacune de nous, qui voulons appartenir à la vérité, en écoutant la voix de notre Seigneur.
Cette fête nous est donnée à la fin de toute une année de parcours avec le Christ. Nous l’avons approché par étapes depuis l’attente d’Israël jusqu’à sa naissance à Bethléem; ensuite nous sommes allés au désert avec lui, nous l’avons suivi en Galilée, sur la route jusqu’à Jérusalem. Il s’est révélé à nous tranquillement comme un être proche, si proche de Dieu, si proche de nous, Dieu avec nous, Fils de Dieu, envoyé de Dieu. Confronté à nos rejets, à notre orgueil, il nous a offert sa vie, il nous l’a donnée, il l’a sacrifiée pour nous dire l’amour du Père, l’infini miséricorde d’un Dieu d’amour. C’est finalement cette victoire du pardon et de l’amour que Pâques nous a révélée.
Lui, le Vivant à jamais, il a inscrit désormais dans notre chair cet appel à vivre, à aimer infiniment, cette capacité de vivre pour toujours avec lui. Et c’est cette grande espérance déjà inscrite en nos propres vies mortelles qui nous travaille et nous garde pour lui. Cette présence, cette venue quotidienne, cette amitié tranquille et fidèle, elle nous accompagne. Elle est notre force, notre chance, notre avenir. Il est si proche. Il est avec nous. Il est en nous. Roi de l’univers et mon roi. « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi », écrivait S. Paul.
Il nous revient à chacun, à chacune, dans la liberté et la confiance, de l’accueillir, de le saisir, comme il peut nous saisir, dans la tendresse d’un amour réciproque. Aujourd’hui, demain, tous les jours le laisser me toucher, m’habiter. Communier avec lui. Il m’en donne merveilleusement le moyen dans l’Eucharistie. Il est toute paix, toute joie. Il est mon Dieu. Il est mon Amour.