Cette prière d’Abraham, dont les éléments sont eux-mêmes dispersés dans diverses sourates, est vraisemblablement la plus significative.
Il convient d’abord de remarquer que, dans les récits communs avec la Bible, jamais le Coran ne met en opposition les deux lignées, issues des deux femmes du patriarche : son épouse et sa servante. La différence n’y est rendue sensible qu’à travers cette prière en faveur de la lignée du désert, autre composante de l’unique témoignage monothéiste. Or le choix de ce lieu « écarté et impropre à la culture » est motivé par un culte au Dieu unique, caractéristique du désert, à travers le symbole de la pierre, le « bétyle » ou « maison de Dieu ». Il s’agissait vraisemblablement d’un lieu de culte traditionnel consacré au Dieu Créateur, que le Patriarche a refondé et restauré avec l’aide de son fils Ismaël.
Le caractère fondateur du geste dans le Coran se trouve largement amplifié et universalisé par les termes mêmes de la prière qui comporte plusieurs séquences : l’établissement d’une lignée abrahamique à La Mecque; la restauration du Temple pour les croyants à venir et leurs rites; prière pour cette ville au désert qui, à la différence des cités sédentaires, devra dépendre du don pour survivre et de la bienveillance des hommes; prière enfin pour que Dieu lui envoie un prophète issu d’elle pour restaurer le témoignage au Dieu unique, le culte pur.
Notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée impropre à quelque récolte que ce soit [mais] tout près de Ta Maison [bayt] consacrée. Notre Seigneur, [cela] pour qu’ils accomplissent la prière./Fais que des cœurs parmi les hommes se précipitent vers eux. Octroie-leur des fruits! J’espère qu’ils [T’en] seront reconnaissants./
Louange à Dieu qui, malgré la vieillesse, m’a accordé Ismaël et Isaac.
Mon Seigneur est enclin à exaucer l’invocation./
Mon Seigneur, fais de moi celui qui accomplit la prière, fais-le aussi de mes descendants. Seigneur, accepte mon invocation [du’â’î]/
Notre Seigneur, pardonne-moi, ainsi qu’à mes parents et aux croyants, le Jour où se dressera le Rendement de compte/ [C 14, 37,39-41).