Au Québec, nous achevons le 1er octobre une campagne électorale trop longue et somme toute assez décevante. Quatre partis dont les chefs se sont fait la lutte, attirant sur eux les commentaires au quotidien de journalistes avides de nouvelles fraiches. On aurait dit un match où chacun des chefs jouait constamment de l’offensive et de la défensive. Difficile dès lors pour ces derniers de s’en tenir à des sujets préétablis par leur parti respectif.
Dans ces conditions de lutte constante pour tenir dans la course, il devenait inévitable que les gestes mesquins et disgracieux pullulent. Il n’était plus question de nous faire rêver avec quelque grand projet porteur d’avenir. Chacun a voulu sauver sa peau, en agitant « ad nauseam » les soupçons et les scandales probables chez ses adversaires. Et bien sûr, la peur devenait un outil pour faire passer les messages ! Que l’on pense seulement à la question de l’immigration qui a pris une place importante durant toute la campagne et à toute l’émotivité que la question suscite !
D’où le manque d’envergure et de hauteur des discours. On a préféré l’escalade de promesses hasardeuses et souvent fantaisistes. L’important étant de produire un effet temporaire qui capte l’attention, qui en mette plein la vue. Et peu importe si ces promesses sont irréalistes.
La nature même de notre État québécois nous tient sur un registre et dans un répertoire limités. Nous sommes « une province » dans un grand ensemble confédéral! Nos champs libres pour la gouvernance sont extrêmement pratiques : l’éducation, la santé, les travaux publics, les transports. Les affaires extérieures, la justice, l’immigration, etc. relèvent du fédéral car, faut-il le rappeler, nous ne sommes pas un pays!
Comme grande société habitant un territoire immense, nous tenons une position bien particulière, unique, dans les Amériques du Nord et du Sud. Une même langue nous définit, un héritage séculaire nous appartient. Nous sommes riches d’un patrimoine spirituel, religieux, culturel et artistique important. Dans ce contexte historiquement construit par l’apport des autochtones, de la France (depuis 1608) et de l’Angleterre (depuis 1759), de nombreux nouveaux arrivants se sont fait tranquillement une place. Leur contribution est de plus en plus significative dans le grand ensemble que nous sommes. L’immigration plus forte des dernières décennies nous offre ainsi un heureux mariage à célébrer.
L’évolution des 50 dernières années nous a dessinés sur un nouveau modèle. Des affirmations fortes et réfléchies nous ont lancés dans le 21e siècle avec une couleur, des accents, un caractère, des capacités qui sont notre fierté. Tout cela mérite un suivi qui soit à la hauteur des promesses et des rêves de nos prédécesseurs.
La campagne électorale qui se termine n’aura pas vraiment permis de nous mettre en confiance. Elle a trop souvent été accaparée par des chefs en panique qui prenaient toute la place. Il y avait pourtant aussi en cette campagne des centaines de candidats qui, avec leur force et leur faiblesse, sollicitaient notre attention. Les faiblesses de quelques-uns n’ont d’ailleurs pas manqué d’être âprement pointées du doigt. Pourtant n’est-ce pas là qu’il faut mettre notre espoir, dans cet ensemble d’élus au soir du premier octobre? Aurons-nous choisi des hommes et des femmes qui puissent faire la différence? Souhaitons qu’ils apportent au Québec un gouvernement qui fasse grandir notre peuple et qui l’accompagne avec ouverture d’esprit, bon sens et audace! Que ces leaders rendent toujours plus possible chez nous des accomplissements qui respectent les plus belles valeurs qui nous animent!
Jacques Marcotte, OP
Québec