Jésus Christ : la miséricorde du Père!
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6,7-13)
En ce temps-là,
Jésus appela les Douze ;
alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.
Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route,
mais seulement un bâton ;
pas de pain, pas de sac,
pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore :
« Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison,
restez-y jusqu’à votre départ.
Si, dans une localité,
on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent,
et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
Ils expulsaient beaucoup de démons,
faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades,
et les guérissaient.
COMMENTAIRE
Derrière notre couvent à Ste-Foy, il y a une rue transversale qui ne donne pas sur la route de l’église; elle donne sur notre propriété. Ce qui fait que les gens sont portés à passer au beau milieu de notre terrain pour rejoindre sans détour la rue principale, qu’il s’agisse d’aller prendre l’autobus, d’aller à la crèmerie, tout juste à côté, ou de se rendre ailleurs. Ils aiment bien sauver des pas, alors ils passent par chez nous.
Un étranger qui vient ou qui passe chez nous, ça nous fait toujours un peu peur, ça nous agace et nous dérange. C’est normal de réagir prudemment, de l’observer, de voir de quoi il a l’air. On se méfie toujours!
On dirait que le Seigneur est conscient de tout ça quand il envoie ses disciples en mission. Il ne les envoie pas pour faire peur aux autres, ni pour les envahir comme à la guerre. Non, il leur donne des consignes très précises pour qu’on ne s’y trompe pas sur le sens de leur venue, pour qu’ils ne soient en rien menaçants pour ceux qui ne les connaissent pas encore et qui pourraient s’inquiéter à leur sujet
Soulignons d’abord que les apôtres ne partent pas d’eux-mêmes. C’est Jésus qui les envoie, comme lui-même il est envoyé par son Père, comme encore il nous envoie aujourd’hui, comme il en fut au temps d’Amos en Israël : « J’étais bouvier, et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : « Va, tu seras prophète pour mon peuple ».
Jésus donne à ses envoyés le pouvoir et l’autorité sur les esprits mauvais. C’est là une protection élémentaire, l’assurance qu’ils ne vont pas être confrontés sans cesse par les forces obscures du Malin. Mais pour le reste, ils partiront avec rien, avec pas d’argent, pas de pain, pas de sac. Jésus insiste sur leur dépouillement, sur la simplicité et la pauvreté même de leur habillement.
S’il les envoie deux par deux, c’est sans doute parce que c’est plus rassurant pour chacun. Ils vont s’encourager mutuellement, se porter assistance, vivre déjà ensemble une communion, porter le témoignage de la charité fraternelle. Ils devront se garder de faire pression sur les gens. Ils leur apportent un message de paix et d’amour. Tant mieux si on les accueille. Mais ils devront aussi accepter de n’être pas accueillis, se gardant toute liberté de partir, pour aller ailleurs.
C’est comme cela encore aujourd’hui. Nous participons à un envoi missionnaire qui est en force depuis Jésus lui-même. Nous sommes envoyés en communion fraternelle. Pour dire notre foi, nous sommes pauvres, démunis, nous avons la simplicité des mots et des images. Mais ce qui parle le plus, c’est notre attitude, c’est ce que nous sommes : libérés, pardonnés, éveillés aux merveilles de notre salut, épris de charité, ouverts de cœur et d’esprit, sans armes ni bagages qui puissent empêcher notre dialogue avec les gens.
Comme au temps des apôtres, nous portons un trésor, l’annonce d’un grand bonheur : « Dans le Christ nous avons reçu la bonne nouvelle de notre salut. En lui nous avons reçu la marque de l’Esprit Saint. Dieu a tout réuni sous un seul chef le Christ, lui qui nous a obtenu par son sang la rédemption, le pardon de nos fautes. »
Le pape François a tenu à visiter la prison de Palmasola, aux portes de Santa-Cruz, lors de la dernière étape de son voyage en Bolivie, au printemps 2015. Ils étaient 4000 réunis sur la place centrale de cette immense prison. Plutôt fatigué ce vendredi matin après six jours de marathon, François, semblait ne plus avoir d’énergie sinon celle de son cœur : « Je ne pouvais pas quitter la Bolivie sans venir vous rencontrer » commence-t-il presque à voix basse: « Merci de m’avoir accueilli ». Et très vite intervient ce face-à-face inattendu : « Qui est devant vous? » interroge François. « J’aimerais vous répondre avec une certitude de ma vie… Avec une certitude qui m’a marqué pour toujours. Celui qui est devant vous est un homme pardonné. Un homme qui a été et qui est sauvé de ses nombreux péchés. C’est ainsi que je me présente. Je n’ai pas grand chose de plus à vous donner ou à vous offrir, mais ce que j’ai et ce que j’aime, oui, je veux vous le donner, oui, je veux vous le partager : Jésus Christ, la miséricorde du Père. ».