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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

La Messe : rien de moins banal!

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14,12-16.22-26.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le,
et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”
Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

COMMENTAIRE

Nous avons tous en mémoire les processions de la Fête-Dieu que nos paroisses organisaient autrefois. C’était des manifestations religieuses et communautaires hautes en couleurs dans les villages et les petites villes du Québec. Il fallait voir les défilés avec bannières et costumes. Un reposoir décoré de fleurs et de dentelles attendait l’ostensoir et le Saint Sacrement que Monsieur le curé portait précieusement sous un dais tenu par les marguilliers. Tout le monde s’y mettait pour donner à l’évènement une ambiance festive et recueillie. C’était le Bon Dieu dans nos rues, dans nos campagnes, chez nous. Nous étions heureux de l’accueillir. Nous étions tous là pour témoigner de notre foi commune. Elle était visible l’alliance de Dieu avec son peuple réalisée dans la personne du Christ livré pour nous en son corps et son sang.

Les choses ont l’air d’avoir bien changé. On imagine difficilement que ce genre de procession puisse encore avoir lieu aujourd’hui chez nous. Il y aurait plus de monde à nous regarder passer qu’il y en aurait avec nous dans le cortège. Mais il ne faut pas regretter les traditions d’une autre époque, ni même en être nostalgiques. Nous avons d’autres possibilités de dire notre foi, de vivre la communion entre nous, de célébrer l’alliance nouvelle de Dieu avec son peuple; une sainte alliance, encore et toujours scellée dans le corps brisé et le sang versé du Christ Sauveur.

Peut-être est-il surtout important de profiter de cette fête d’aujourd’hui pour aller plus avant dans notre expérience et notre intelligence personnelles du Mystère de l’Eucharistie. À force d’aller à la messe et de communier, n’avons-nous pas un peu banalisé l’Eucharistie, n’en avons-nous pas perdu un peu le sens ? Nous prenons pour acquis ce don du Bon Dieu et nous risquons de ne plus voir la merveille de l’Eucharistie et tout le dynamisme qu’elle peut apporter à nos vies. Il nous faut apprendre toujours un peu plus la messe et son mystère, pour en voir mieux l’importance pour celui ou celle qui veut vivre et témoigner du Christ et de son Évangile aujourd’hui.

Le message de la liturgie, cette année, nous rappelle une dimension fondamentale de l’Eucharistie, qui est une affaire d’alliance. Ce sacrement nous met en rapport d’alliance avec Dieu et entre nous, l’alliance nouvelle, qui nous est donnée en Jésus, le Fils de Dieu, l’envoyé du Père.

Nous l’avons vu dans la 1ère lecture, au livre de l’Exode, quand le sang de jeunes taureaux venait sceller l’engagement de Dieu et du Peuple : « Voici le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous », disait Moïse au peuple. Or c’est dans le Christ Jésus que cette figure ancienne trouve son accomplissement. « Poussé par l’Esprit éternel, disait la lettre aux Hébreux, Jésus s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache; et son sang purifiera notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant. » Dans l’évangile, le récit de Marc relate avec précision ce moment décisif où « Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : Prenez, ceci est mon corps. » Prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. »

Nous vivons de cette Alliance nouvelle où Dieu s’est engagé en son Fils, où nous sommes consacrés en lui. Il nous fait vivre en communion avec lui de la vie nouvelle des ressuscités. Quelle merveille pour nous tous!

 

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