Il est possible que les propos qui suivent puissent heurter la sensibilité de quelques croyants. Sans ne rien devoir au film « L’Apparition » qui ces jours crève nos écrans, je ne peux m’empêcher de vous livrer quelques réflexions personnelles sur ce sujet discuté et même disputé.
Quel enfant pieux, dûment catéchisé – à l’ancienne ! – n’a pas un jour rêvé de bénéficier de l’apparition d’un être céleste ? A l’exemple de ces petits voyants et voyantes dont un bon curé d’autrefois lisait la fascinante histoire lors de la méditation du « Mois de Marie ». L’Eglise, il est vrai, n’a pas toujours examiné ces faits avec toute la prudence requise. Et même quand elle l’aurai fait selon toutes les règles de l’art, elle ne peut formuler un jugement définitif et péremptoire sur l’authenticité de ces phénomènes mystérieux qui la dépassent. Tout au plus, elle ne se prononce que sur le comportement plus ou moins fiable des prétendus voyants et sur la légitimité d’un culte à tel ou tel endroit.
Puis-je vous faire part d’une confidence ? Il m’arrive de faire le pèlerinage de Lourdes – mais oui ! – mais sans m’interroger si Marie est bien apparue à Bernadette dans la grotte de Massabielle. Il me suffit de la savoir là où je la prie. Et si ma foi ne suffit pas, il y a celle de centaines de malades et de gens valides qui confirment à mes côtés sa présence. Marie est à Lourdes quand on la prie.
Et les petits bergers et bergères qui affirment l’avoir vue ? Ce sont des prophètes, comme ceux de la Bible. Ils nous rappellent, sous des formes étranges, des vérités coutumières et essentielles. Plus que le décor qui l’enveloppe, c’est donc le message qui est important. Ne nous trompons pas de cible. Regardons la lune, plutôt que le doigt qui l’indique. Ce que rappellent en général les « voyants » c’est la nécessité d’une « conversion » pour échapper au pire toujours menaçant. Les vieux prophètes de l’ancienne alliance tenaient le même discours. Relisez le message de La Salette ou, plus proche de nous, celui de Kibeho au Rwanda. Vous serez convaincus.
Je me souviens avoir cité un jour le poète théologien Dante Alighieri qui recommandait aux catholiques de ne pas se précipiter sur des révélations nouvelles et « particulières », alors que la lecture de la Bible suffisait amplement à leur salut. Mal m’en prit d’avoir fait alors ce rappel. Les lecteurs et lectrices de « Spitirualité 2000 » seront-ils plus indulgents ?
Fr.Guy Musy OP