On m’a rapporté cette histoire juive. Elle serait délicieuse si ce n’était son contexte tragique. Nous sommes en France, dans les années 40. Le pays est occupé par les Nazis et ce qui reste d’autorité locale emboîtent le pas aux occupants pour traquer les Juifs. Une famille juive, pour sauver un enfant de cinq ans, le confie à un groupe de résistants qui le placent à la campagne dans une famille chrétien. L’enfant finit par deviner les raisons de son éloignement. Un jour, proche de Noël, sa famille d’accueil se plaint à ceux qui lui ont confié l’enfant, affirmant qu’il est voleur. On l’accuse en particulier d’avoir volé un santon de la crèche, le plus important de tous, le petit Jésus lui-même. Interrogé et confondu, l’enfant juif avoue, mais proteste. Non, il n’a pas volé l’enfant Jésus ; il l’a simplement caché. Pour éviter à ce petit juif de prendre le chemin de Drancy, dernière étape avant Auschwitz.
Cette histoire qui ne manque pas de vraisemblance est riche d’enseignement pour les chrétiens.
Tout d’abord, si Jésus vient au monde c’est pour en épouser la misère du monde. A commencer celle des enfants malheureux dont il veut être le frère. Et ces derniers le reconnaissent comme l’un des leurs.
Et puis, riche de sens est le geste fraternel du petit juif qui cache son petit frère Jésus pour éviter qu’on lui fasse du mal. On ne craint plus aujourd’hui pour sa sécurité. A moins qu’il ne vive dans un pays contrôlé par Daesch. Mais certains s’emploient encore à le cacher en éloignant sa crèches des lieux publics.
Plus grave, beaucoup de chrétiens cachent le petit Jésus au fond de leurs poches et, pour dire la vérité, ils ne savent plus ce qu’ils en ont fait et où ils pourraient le retrouver. Ils finiront donc par ne plus savoir à quoi sert cet enfant.
Le temps de Noël est approprié pour faire sortir le petit Jésus de sa cachette. Ne l’étouffons pas sous nos tourtières ; ne le noyons pas sous nos coupes de Champagne. Il se pourrait qu’il ait quelque chose à dire à ce jeune convive invité à votre réveillon et qui finit par vous demander : « Maman, c’est quoi Noël ? ». Il vaudrait mieux que vous puissiez lui répondre vous-même plutôt que le renvoyer chez sa « mamie ».
fr.Guy Musy op