Chez nous, Le Black Friday est devenu le Vendredi fou, un véritable tourbillon publicitaire, commercial, médiatique pour acheter. Il n’est même plus nécessaire de courir pour faire les achats, il suffit d’un seul clic et hop, le tour est joué.
Pour plusieurs personnes, c’est la réaction inverse. Conscients d’être le jouet d’une publicité effrénée qui crée le besoin, ils souffrent de ce que nous appellerions une écoeurite aigüe. Toutefois, il est difficile de résister à ce tiraillement médiatique. Difficile aussi de ne pas se sentir coupables de ne pas embarquer dans la frénésie collective.
Pourtant, le vendredi fou, comme on l’appelle, ne marque que le coup d’envoi de la période des achats de fin de l’année. Parce qu’il survient à la fin de novembre, au lendemain de la Thanksgiving de nos voisins américains, ce vendredi marque aussi le début des aubaines pour la grande fête de Noël. C’est la course probable aux magasins, la quête des bonnes affaires, l’escalade des cadeaux que l’on se sent obligés d’offrir à ceux qu’on aime. Quel dommage que cette belle période de l’Avent ait perdu sa signification profonde et soit devenue pour les moins bien nantis une période de stress et d’endettement !
Réfléchir au vrai sens de Noël, nous amène à nous détacher de toute cette pression pour en venir à l’essentiel de cette grande fête que nous célébrons; car Noël, c’est aussi et surtout la fête de la Lumière et du Don qui l’accompagne. Noël, c’est Dieu venu chez nous jusqu’auprès des plus petits, Dieu avec nous tous. Comment alors ne pas penser aux plus pauvres, aux nécessiteux tous les jours de l’année et plus encore en ce temps des fêtes ?
Il y a bien sûr les paniers de Noël que l’on distribue, les jouets que l’on ramasse pour les enfants, les dîners pour les personnes seules que l’on organise, mais d’autres actions collectives ou gouvernementales sont aussi les bienvenues. L’accès pour tous à un logement décent en est un exemple. On parle beaucoup, ces temps-ci, de la crise du logement et des mesures qu’on voudrait appliquer pour y remédier. La nouvelle est sortie dernièrement qu’on allait faire désormais un effort considérable, de grande envergure, pour la construction de nouveaux logements chez nous. Car il y a crise au Canada et au Québec à ce sujet, comme probablement partout ailleurs dans le monde. On fait enfin la lumière sur une réalité pourtant criante : il y a chez nous des situations de détresse et de pauvreté qui font que les biens essentiels ne sont pas accessibles à tous dans une société qui se veut moderne et dynamique.
Il ne reste qu’à espérer que ces nouvelles mesures viendront vite en application et que d’autres suivront, toutes aussi importantes. L’émergence rapide de réels chantiers ne nous amènerait-elle pas au cœur de la fête de Noël ? N’y aurait-il pas là de quoi voir briller d’espoir et de joie les yeux de bien des gens ? Noël en lumières, c’est d’abord devenir plus humains et plus fiers de l’être, dans le Christ, chemin par excellence d’humanisation!
En collaboration,
Anne Saulnier et Jacques Marcotte, OP
Québec