Marguerite Bourgeois naît le 17 avril 1620, à Troyes: septième enfant d’une famille qui en comptera douze. Le premier grand événement de sa vie est la mort de sa mère, qui la constitue, très jeune encore et partiellement, gardienne de ses frères et soeurs.
Deux miracles l’entraînent sur le chemin de la perfection: celui de la procession du Saint-Rosaire, le 17 octobre 1640; et celui du 15 août 1650, fête de l’Assomption de Marie au ciel. Lors du premier miracle, la beauté de la Vierge Marie sur une image; dans le second, la vision de l’Enfant Jésus dans l’hostie d’un reposoir, la ravissent et la transforment. Après quoi elle cherche à entrer dans une communauté cloîtrée, mais partout on la refuse. Dieu met alors sur sa route un directeur spirituel, Monsieur Gendret, qui lui apprend que la Vierge Marie, lors de la Visitation, a choisi la vie voyagère. L’avenir la forcera à opter pour cette voie, qui avait été jadis celle des moines irlandais missionnaires.
Venue à Montréal avec Monsieur de Maisonneuve, elle se dévoue auprès des colons et de leurs enfants, auprès des jeunes Amérindiens et Amérindiennes. Elle éprouve de grandes difficultés à fonder une congrégation de religieuses non cloîtrées et obtient, au Canada, ce que saint François de Sales n’avait pu obtenir en France pour ses Visitandines, toute liberté d’action. Mais que de croix, et que de foi!
Les fondateurs de Montréal, tout comme Marie de l’Incarnation à Québec, veulent en tout premier lieu la conversion des Amérindiens. L’image de Marguerite Bourgeois évangélisant les jeunes Amérindiens et Amérindiennes, devant les Tours de la
Montagne, conservées devant le Grand Séminaire de Montréal, doit nous rester chère pour cette raison. L’obligation, pour elle et ses religieuses, d’apprendre les langues amérindiennes est une difficulté majeure de leur existence. Mais, dans ce domaine, les femmes sont du plus précieux secours, car leur vie quotidienne auprès des jeunes Amérindiens et Amérindiennes, des infirmes et des malades, permet d’établir avec eux un lien de sympathie profonde. La langue de la charité, en tout temps, demeure entre les peuples, le meilleur moyen de communication. Bientôt la sainteté de Catheri Tekakwita, jeune amérindienne, donnera la preuve de l’efficacité de cet apostolat.
Le Canada sera perdu pour la France, en grande partie parce que les ambitions politiques et militaires, et la «course aux fourrures», y entraînèrent un conflit continuel avec les colonies anglaises. Dans ces conditions, le souci du seul salut des âmes aurait certainement mieux valu à la colonie.