Dans la pensée orientale, ne rien faire est une action à part entière alors qu’en Occident, cette pensée n’a aucun sens. Il nous faut au contraire justifier chaque instant d’un but en soi, atteint ou non. Toute inaction est perçue comme une perte de temps : c’est ce qu’on appelle l’obsession de la productivité. Or, cette productivité suppose la production de « quelque chose » (service ou production matérielle) en fonction du temps.
Ne rien faire et surtout, plus grave, décider de ne rien faire sape, à la base l’usage efficace du temps. C’est retirer à la chose produite la mesure fondamentale qui en fonde l’efficacité.
Et il se reposa au septième jour… (Gn 2,2)
Quand Dieu a achevé sa création, il a consacré un jour à la gratuité la plus absolue, gratuité qui se traduit par l’inaction, par la contemplation, par la présence de soi au monde, c’est-à-dire aux autres et à notre environnement immédiat dans l’esprit le plus pur de tout objectif à atteindre. Dans la philosophie zen, on appelle mushotoku un acte complètement gratuit qui ne s’inscrit dans aucun souci de rentabilité. C’est évidemment presque impossible à réaliser car cela demande même dans cet acte à s’abstenir de toute volonté de gratuité !
Le respect du sabbat ou du dimanche est aussi difficile à atteindre : c’est la contemplation sans idée de contemplation, c’est être au milieu des autres, auprès de son conjoint, de ses enfants, de ses amis sans aucune idée téléguidée d’être auprès de son conjoint, de ses enfants, de ses amis. Que c’est difficile la gratuité pendant toute une journée ! Imaginez tout un mois de vacances ! Dans notre vie contemporaine, nos agendas sont chargés au-delà de toute mesure. Heureusement que les vacances sont là pour faire enfin ce que nous voulons. Et nous risquons de tomber dans la frénésie de remplir le vide avec le trop plein de nos désirs inassouvis de toute une année sans sabbat.
Les vacances, c’est être vacant. Et dans cette vacuité, il y a un vide qu’il ne faut surtout pas penser nous précipiter à remplir. Chaque été, nous sommes comme une vieille armoire où s’accumulent les vieux vêtements à donner. Ne la vidons pas comme tous les ans pour y entasser bien vite de nouveaux vêtements, sans quoi nous ne pourrons voir ce qu’il y a au fond de nous : … Dieu.