Le sacrement d’une présence d’Amour!
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,51-58.
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
COMMENTAIRE
Il y a 9 ans, nous étions en plein Congrès eucharistique, à Québec. L’évènement avait duré une semaine, du 15 au 22 juin 2008. Voilà qu’à la toute fin, le dimanche, nous avions rendez-vous sur les Plaines d’Abraham! C’était la grand-messe de clôture du Congrès eucharistique de Québec. Ce fut aussi une véritable catastrophe météorologique, avec la pluie d’abord faible et menaçante, qui a fini par tomber lourdement sur l’immense foule rassemblée. Comment ne pas nous en rappeler? L’homélie du pape était diffusée en temps réel sur écran géant, alors que nous étions tous sous la pluie. Le grand baldaquin au toit plat déployé au-dessus de l’autel, fut mis à mal par l’abondance de l’eau accumulée. C’était l’inconfort d’être trempé et le sentiment d’être tellement vulnérable devant l’averse implacable qui nous tombait dessus.
Je me souviens du matin radieux qu’il faisait d’abord ce jour-là. Et de l’après-midi toute en splendeur d’été qui avait suivi. Il avait fallu que l’événement principal soit touché par l’averse. Il n’en fallait pas moins pour que nous vivions cette grande fête dans l’humilité et la précarité. Je pense que le Seigneur nous donnait un signe, du moins une parabole. Pour que nous comprenions le sérieux de l’eucharistie, l’intime proximité de sa présence à nos détresses. Le Christ n’est pas venu seulement pour nos moments heureux et confortables; il a voulu communier à notre pauvreté, à nos fragilités et toutes nos misères.
C’est ce que nous rappelle d’ailleurs la 1ière lecture de ce dimanche. Elle nous dit que le Seigneur était là, au désert, avec son peuple, après la sortie d’Égypte. Qu’il a pris soin d’eux dans leur détresse. Mais aussi, qu’il a voulu les éprouver. Jésus est venu de même chez nous; il a connu notre pauvreté, nos soifs et notre faim. Il en a souffert.
L’eucharistie est le sacrement de la présence du Seigneur à nos vies d’homme et de femme aux prises avec toutes sortes de difficultés. Si nous faisons mémoire de la Pâques du Seigneur, c’est pour ne pas oublier qu’il est là, qu’il nous accompagne, qu’il nourrit ses fidèles, les soutient, les encourage, les console en toutes circonstances. La grande foule toute trempée du 22 juin 2008, c’était pour qu’on n’oublie pas qu’il n’y a pas d’impasse que le Seigneur ne puisse franchir avec nous, pas d’impasse qu’il ne puisse nous donner de franchir avec lui.
La 2e lecture nous a rappelé l’unité du corps, l’unité de l’Église. Paradoxalement ce jour-là au moment de la communion ce fut la dispersion sous le torrent de pluie. Mais nous étions tous, avec le Christ, tourmentés par la même épreuve. Mettant tous ensemble notre foi dans le Christ livré pour tous. Un seul et même pain nous a nourris. Pour être ensemble un seul corps, même dispersés!
Enfin l’Évangile de cette fête le proclame avec audace et insistance : la chair sacrifié du Fils et son sang versé sont pour nous nourriture de vie. Le Christ est mort pour nous. Le don de sa vie est notre nourriture. Notre vie croyante est ainsi toute liée au mystère de Pâques, au don que le Seigneur nous fait de lui-même par amour. Cette manducation sacrée, faite en mémoire de la Pâque du Seigneur, apporte à nos êtres de chair le salut accomplie par lui pour nous une fois pour toute. C’est-là le grand mystère de notre foi : qu’en lui nous ayons ainsi la Vie.
Voilà que pour nous en souvenir, il nous faut faire et refaire ce geste en lequel Jésus se donne. Pour ne pas l’oublier. Pour que sans cesse sa vie de ressuscité passe en nous. Nous n’aurons jamais épuisé la puissance de pardon, de guérison, de résurrection du Salut, offert et donné dans le Christ.