«Étant entrées dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche, et elles furent saisies de stupeur. Mais il leur dit : ‘Ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazarénien que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. Voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre, qu’il vous précède en Galilée; c’est là que vous le verrez comme il vous l’a dit.’ » (Mc16, 5-7)
La Résurrection! Le mystère de ta vie, ô Jésus, Jésus crucifié! Un peu et même beaucoup paradoxalement, nous, les chrétiens, sommes tellement habitués à entendre le mot résurrection que nous venons par finir à ne plus le considérer comme l’œuvre de ton existence, de la Gloire qui t’habite, de notre propre existence appelée en vie éternelle. Mais, qu’est-ce donc que la résurrection et la vie du monde à venir? Serait-ce une sorte de vie angélique où notre corps apparaîtrait comme d’une gloire lumineuse sans contacte réel avec le sensible? Ou bien, serait-ce une vitalité nouvelle donnée à un corps appelé à la Gloire dans toute la beauté de sa nature, de sa nature humaine conçue et voulue par l’Amour et pour l’Amour?
En acceptant la volonté du Père, celle de venir dans le monde, tu as pris un corps de chair, tout comme nous, non pas pour te dissimuler afin de mieux nous approcher, mais pour te faire l’un de nous. Dieu se faisait si proche qu’il était littéralement parmi nous. Ton corps de gloire est venu épouser notre corps de chair, mortel, pour devenir tout comme nous, excepté le péché. Tu donnas une importance si grande au corps par ton mystère d’incarnation – le corps créé, bon et beau, par le Père dès Les origines – que tu ne pouvais faire autrement, en volonté divine, que de l’élever avec toi à la droite du Père en vie éternelle. Quelle dignité que la vie humaine, quelle dignité que le corps créé par amour, nous ne le répéterons jamais assez! Et pourtant, que de tourment en la chair convoquée en vie éternelle. Nous apprenons en toute vérité, que le mystère de la Croix ne peut être dissocié de celui de la Résurrection, l’un ne peut aller sans l’autre.
Vous cherchez Jésus le crucifié, nous disent les anges au tombeau, il est ressuscité…! En fait, une des énigmes du mystère de l’âme chrétienne, n’est-elle pas de trouver le ressuscité en cherchant d’abord le crucifié? Le paradoxe se fait encore sentir : Croix et Gloire qui s’embrassent pour ne faire qu’un dans le mystère de l’amour en vérité! La résurrection, n’effacerait-elle donc pas, d’un jet de Gloire, le passage de la Lumière en la chair chassant les ténèbres? Pourquoi parler encore de Jésus crucifié, alors qu’il est vraiment ressuscité? Trop souvent, la faiblesse de notre foi veut faire adhérer notre esprit à cette croyance qui n’est pas en vérité avec le message du ressuscité. Jésus n’est pas venu éliminer le passage de la souffrance – conséquence du péché, il faut le dire – mais il est venu l’éclairer et l’épouser, pour nous, afin que nous ayons la force de l’affronter et de le traverser avec lui pour arriver à la gloire, la Gloire éternelle! C’est là la force et la grâce de notre baptême : résister à la mort éternelle pour entrer en Vie éternelle.
À l’image de Jésus, nous arrivons à la liberté éternelle par le don de nous-même, en traversant avec lui ce qui nous effraye le plus : franchir la vallée de la mort et de la souffrance qui atteint notre chair en ce monde blessé! Marie, Mère du Verbe fait chair, toi qui fut si intimement associée à ce mystère au pied de la Croix, vient au secours de notre foi. Avec toi, nous voulons adhérer à l’espérance certaine de la résurrection! Sainte lumière de la résurrection embrassée par les baptisés qui épousent le crucifié et accueillent son mystère, celui du passage de la mort à la Vie!