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Responsable de la chronique : Marius Dion, o.p.
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L’Église et les prisons

Imprimer Par André Havugimana

L’Eglise a toujours été engagée, dans sa mission pastorale au service des hommes et des femmes, qui suite aux crimes et aux délits commis, se trouvent en détention en attente de justice ou en purgeant leur peine. Cependant cette mission a été souvent réduite au travail des aumôniers de prisons et des éventuels groupes de personnes qui les assistent. Une vision intégrale de la pastorale de l’Eglise dans ce secteur particulier doit envisager d’en faire une pastorale de toute la communauté chrétienne et s’ouvrir au delà de la population carcérale à tous les protagonistes de cette réalité sociale: prisonniers et leurs familles, personnel représentant l’autorité publique au sein de ces institutions, victimes des injustices commises et leurs familles qui en subissent les conséquences, sans oublier les responsables de la justice et de l’ordre public à différents niveaux. Cela se comprendrait dans la mesure ou la présence de l’Eglise dans ce milieu particulier aurait une finalité plus élargie par rapport au service religieux et l’assistance spirituelle qui s’en accompagne et aux œuvres multiformes de charité que requiert ce environnement. Il s’agirait de concevoir une vraie pastorale de proximité et d’ouverture à la personne qui souffre en prison, mais aussi une pastorale de réconciliation et de pardon, de promotion d’une justice juste, et d’une solidarité chrétienne envers ceux qui se trouvent dans des situations humaines précaires.

Si la pastorale carcérale doit refléter l’action pastoral ordinaire de l’Eglise, elle doit néanmoins tenir compte de la spécificité propre, liée à la condition humain et sociale des détenus et à la nature des structures dans lesquelles ils mènent leur vie qui ont leurs règles, leurs exigences, conformes à leur finalité. Elle a nécessairement des traits communs avec les autres secteurs de la pastorale sociale, auprès des pauvres, des malades et personne marginalisées. Mais si le malade, l’affamé, l’abandonné, … sont parfois perçus comme victimes d’une situation d’injustice, le prisonnier, lui, reste stigmatisé comme coupable d’un délit et auteur d’une injustice envers les autres et la société. C’est pour cela qu’il a besoin de bénéficier d’un regard positif, de personnes qui l’écoutent sans le juger, qui le comprennent  sans pour autant le disculper. Cela requiert une vision chrétienne de la personne humain, qui reconnait sa dignité inaliénable quel que soir le mal dont elle a pu de montrer capable et coupable.

La pastorale dans les prisons procède par une approche globale de l’homme. Une personne incarcérée peut être considérée sous différents aspects ou besoins: besoins psychologiques, spirituels, matériels, besoins sociaux, juridiques, etc. … Le Pasteur, poussé par la charité, sans entrer dans chaque domaine comme spécialiste, doit être sensible à ces différents aspects de la vie humaine. Son domaine propre est moral et spirituel. Car sa mission ne consiste pas à exercer la justice humaine, ni à se substituer aux instances légales d’administration de la justice. L’éduction morale et spirituelle lui incombent en particulier, sans toutefois demeurer indifférent à la misère humaine qui se manifeste aussi sous des aspects physiques ou matériels. Selon les moyens dont il peut disposer grâce à la générosité des fidèles, il contribue au soulagement de leur misère. Ainsi donc la communauté chrétienne doit être constamment sensibilisée aux besoins de leurs frères et soeurs vivant dans des conditions de fragilité afin de manifester la sollicitude du Christ et de son Eglise l’égard de ses membres les plus vulnérables.


Un extrait de l’article Justice, vie de foi et réconciliation. Vivre l’Evangile de la miséricorde au sein des institutions pénitentiaires, par l’Abbé GATARE Tharcisse et Mgr André HAVUGIMANA, dans Croisée des chemins. Bulletin de l’Archidiocèse de Kigali, août 2016, Numéro 112, pp. 7-8.  

One thought on “L’Église et les prisons

  1. Kouadio N'guessan Marcel

    Merci mes pères. Je viens de me voir confier la responsabilité de diriger la pastorale des prisons sur ma paroisse. Votre article me donne un aperçu du travail qui m’attend. Aussi j’aimerais pouvoir correspondre avec vous pour bénéficier de vos expériences.

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