Je vous convie à une simple expérience spirituelle par la pensée qui ressemblera comme deux gouttes d’eau à une simple expérimentation en Sciences physiques.
Ajoutez de l’eau à de l’huile puis agitez pour mélanger. Vous obtenez après décantation une couche d’huile qui surnage au-dessus de l’eau. Le mélange est dit hétérogène.
Deuxième « expérience » : vous versez un peu de sucre dans de l’eau. Vous agitez et vous constatez que le sucre a « disparu ». La solution cependant est sucrée puisque l’eau a dissous le sucre totalement. On dit que le sucre est soluble dans l’eau.
Le voit-on ? Non. Le goutte-t-on ? Oui !
Toute la question est maintenant de savoir la place qu’occupe Dieu dans ma vie. Je peux, comme incroyant, nier purement son existence, ou pis, comme croyant affadi, faire comme s’il n’était pas là. Dieu se trouve à côté de moi comme l’huile impénétrable à l’eau.
Je peux aussi porter le nom de Dieu en bandoulière et le citer à tout bout de champ. Si ma vie est transfigurée par la joie que m’apporte la foi en Dieu, mais à cette condition seulement, alors la joie seule interroge l’incroyant ou l’affadi mais non la proclamation simplement ostentatoire.
Enfin, le nom de Dieu peut rester enfoui en mon cœur et parfois même caché à mes propres yeux, si je brûle d’ardeur pour la justice, si la détresse du petit m’atteint et que je ne peux rester indifférent aux soifs de l’humanité.
Cette place de Dieu en mon cœur doit m’interpeller surtout dans ce temps de Carême. Mais elle interroge et inquiète aussi tout parent croyant qui voit sa progéniture grandir et s’éloigner peu à peu de Dieu au point parfois, au point souvent de l’oublier.
Ce Dieu oublié est plutôt un Dieu caché en toute humanité désireuse de progresser, les fameux hommes et femmes de bonne volonté de l’Evangile. Cette humanité en marche, ce sont aussi nos enfants qui grandissent et laissent transparaître en creux la marque de l’Evangile de leur enfance. Cette Bonne nouvelle n’est pas toujours visible en eux mais donne du goût à leur vie.
A leur tour, ceux qui ont oublié le nom du Christ mais qui en vivent à leur insu nous interpellent, nous croyants, nous parents un peu désabusés. La force de leur Evangile dissous en eux nous pose cette question lancinante à laquelle tout croyant doit répondre un jour ou l’autre :
Dieu est-il soluble dans ma vie ?