La recherche de bonheur dans nos sociétés occidentales est le leitmotiv de ces dernières années dans la mouvance des années New Age d’une part et comme conséquence de la sécularisation de la vie moderne d’autre part, lasse d’attendre un ciel trop tardif au bénéfice d’une consommation immédiate.
Répondons tout de go à la question posée : hélas, oui on peut vivre heureux sans Dieu. Des tas de gens le prouvent tous les jours. Encore faut-il préciser que les bonheurs par essence sont illusoires ou fugaces et trop souvent les deux à la fois. La psychologie moderne pour sortir du piège d’un mot galvaudé préfère le terme de bien-être subjectif. Le terme choisi dit bien tout le caractère aléatoire de la chose mais aussi l’importance de la perception dans l’appréhension du phénomène.
Avez-vous lu le mot Dieu dans la dernière phrase ? Non ! Nous avons presque envie de reprendre la fameuse réplique de Laplace exposant son Système du monde à Bonaparte :
– Et Dieu dans tout ça ?
– Citoyen premier Consul, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse.
Loin de moi l’idée de partir dans une polémique sur les preuves de l’existence de Dieu. Pour nous Chrétiens, nous avons posé l’hypothèse de l’existence de Dieu dans nos vies, y compris dans celles de nos frères et sœurs qui ont bien le droit de ne pas l’y voir.
Mon propos est tout autre et reprend la réplique terrible de Nietzsche au sujet du Sauveur dans Ainsi parlait Zarathoustra : « Il faudrait que ses disciples aient un air un peu plus sauvé ».
Nous conviendrons un peu rapidement que la tête d’un sauvé doit refléter au minimum la joie du Ressuscité et que la trace de cette vision béatifique est l’indice d’un bonheur que le quotidien en gris et pastel n’a pas le droit d’effacer.
Or, la recherche de bonheur est parfois perçue dans l’Eglise comme un dévoiement, un détournement de la vraie voie alors que les croyants que nous sommes, sommes incarnés dans un monde plein de vicissitudes et objet de mille sollicitudes.
L’histoire de nos vies, les drames dont nous avons été les témoins ou les victimes, les insuffisances ou les handicaps qui nous ralentissent sur le chemin, les choix qui parfois nous ont détournés du plein épanouissement que nous veut notre Sauveur, tout cela et bien d’autres choses encore peuvent nous empêcher de ressentir et d’exprimer toute la joie que la Résurrection, ou même simplement l’idée de Résurrection doit faire surgir dans notre vie.
Il est donc de notre devoir de partir en quête de ce « bien-être subjectif », de déraciner l’ivraie en nous qui nous empêche d’accéder à ce témoignage, à cet apostolat par le visage qui peut convertir les plus sceptiques.
Il est aussi de notre devoir de témoigner au sein de notre famille pour que la transmission de la Foi se fasse sous le signe de l’évidence.
A trois conditions :
– Que la recherche de bonheur ne devienne pas une quête obsessionnelle et compulsive car, et Christophe André le rappelle régulièrement, l’obsession du bonheur tue le bonheur.
– Que la recherche de bonheur ne nous enferme pas sur nous-mêmes mais nous porte vers l’Autre pour mieux lui dire le Ressuscité.
– Que nous ayons bien conscience qu’au cœur de tout bonheur vrai, le Dieu caché, voire le Dieu ignoré mais non le Dieu absent, se fait présent au cœur du cœur de nous-même, la septième demeure chère à Sainte-Thérèse d’Avila.
Merci Caroline de nous partager ce billet.
Je suis heureuse de vous,lire.
J’adhère complètement à ces propos. Oui, vivre avec Dieu et en être des témoins par notre vie, accueil, partage, sourire, Joie.