«‟Le temps est accompli : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.” Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pécheurs. Il leur dit : ‟Venez ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.”» (Mc 1, 15-16)
« Le temps est accompli », nous dis-tu Seigneur! Mais quel temps, le temps de ce monde ou le temps de mon âme? Serait-ce le temps pour moi de laisser toute mon existence être saisi par les filets de ta grâce? Du moins, tu te fais insistant, il y a ‘un temps’, une grâce qui est désormais présente pour moi et c’est à moi d’y répondre. Mais comment? Tous les jours de ma vie, je me pose cette question, comment pourrais-je me laisser saisir par ta grâce, comment pourrais-je me laisser saisir par l’amour? Tant de fois je me décourage, tant de fois je me dis que je n’y arriverai pas. Et pourtant! Et pourtant tu me dis que « le temps est accompli », que le présent de ma vie est ce moment où toi tu passes pour y déverser ta grâce, tout ton amour…
Nul ne saura jamais quelle fut la tendresse du Père pour l’humanité, lorsqu’il te demanda, comme commandement d’amour au sein de la communion trinitaire, de venir en ce monde pour nous faire connaître sa grâce miséricordieuse. Et quelle grâce! Celle de la présence de son propre Fils auprès de chacun de nous. Désormais et pour toujours, son amour allait être tangible, palpable en une personne de chair tout comme l’humain que je suis. Il y a là un mystère de tendresse qui nous dépasse, mais qui est pourtant bien réel : le Fils de Dieu est parmi nous et Il frappe à ma porte à chaque instant. Oui, « le temps est accompli », le temps du mystère tenu caché depuis toute éternité s’est révélé et il marque le temps, un temps qui ne sera jamais plus comme avant. L’histoire de l’humanité a maintenant un commencement, celui de la grâce dans le Fils, son Unique!
Comment pourrais-je alors faire partie de ce moment historique, ce temps qui m’est présenté à chaque instant comme un moment de grâce tout-à-fait privilégié et unique. Un temps qui est en quelque sorte hors du temps du monde et qui me fait plonger dans l’espace du Royaume : « le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Marie, ma mère, tu sais combien je ne voudrais pas perdre aucune occasion du temps miséricordieux qui m’est alloué pour communier à la grâce de Jésus, pour communier à la personne de Jésus. Tu sais comment je voudrais de tout mon être entrer en amitié avec Jésus et ainsi me laisser aimer par le Père par, avec et dans le Fils. La miséricorde de Dieu n’est nulle autre chose qu’une Personne, une Personne de la Trinité qui se fait présente juste pour moi aujourd’hui, dans le temps qui est le mien, et dans le temps de l’histoire que Dieu a choisi pour être l’un de nous à nos côtés. Intercède pour moi Marie, afin que je puisse embrasser, ou plutôt, me laisser embrasser par la grâce, par un amour vivant qui ne demande qu’à épouser tout ce que je suis, mes pauvretés comme mes grandeurs. Me laisser aimer aujourd’hui, en ce moment même de ma vie, tel que je suis, voilà le grand défi de la sainteté!