Quand Jésus apprit la mort de Lazare, il décida de rentrer à Jérusalem pour être auprès des soeurs de son ami. La décision était courageuse. Aller à Jérusalem, c’était risquer d’être arrêté et condamné à mort. Les apôtres protestèrent. Finalement, Thomas dit: «Allons-y nous aussi, et mourrons avec lui» (Jean 11, 16). Cette parole résume bien ce qu’est un vrai disciple de Jésus: mourir avec lui.
En écoutant le récit de la passion et de la mort du Christ, j’ose demander à Jésus de devenir notre disciple: «Viens auprès de nous, et meurs avec nous».
La mort de Jésus est tout à la fois une tragédie et une espérance pour nous. Dans la personne de Jésus, Dieu est allé jusqu’au bout de l’incarnation. Dieu a assumé toute la condition humaine. Il a tout risqué, y compris la mort.
Ce jour-là, Dieu nous annonçait que toute notre existence est digne de lui, même notre mort. «Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix.» (Philippiens 2, 7-8)
La mort, cette tragédie de tout être humain, cette horreur qui nous aimerions contourner, la mort s’élève et prend de la densité en Jésus. Elle devient porteuse d’avenir. En mourant, le Christ fait de la mort un acte de communion, une eucharistie. Dorénavant, notre mort peut devenir communion à Dieu comme la mort de Jésus a été communion avec l’humanité.
À la messe, nous chantons: «Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus». Nous proclamons sa mort parce qu’il prend sur lui nos souffrances, nos drames, nos malheurs et jusqu’à notre propre mort.
Même dans la mort, Jésus s’est fait notre serviteur: «Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus.» (Isaïe 50, 4)
Devant l’homme défiguré, vaincu, brisé, mort sur la croix, un soldat prononça cette parole paradoxale: «Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu!» (Matthieu 27, 54) Le Très-Haut est devenu le Très-Bas, le Tout-Puissant est devenu la faiblesse extrême… pour notre salut.