«Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » Seigneur Jésus, toi le Verbe fait chair, mis en croix, quel mystère que de te voir crucifier pour le Salut de l’humanité! N’aurais-tu pas pu – au dire de ceux qui te raillaient en te regardant – sauver l’humanité du haut de ta divinité sans à avoir à subir cet incroyable supplice? Pourquoi tant de communion avec l’humanité pécheresse, pourquoi tant d’intimité avec la chair blessée par le péché? Il y a là un mystère qui appartient à ton être, à ta personne qui est à la fois pleinement homme et pleinement Dieu. En fait, à bien y méditer, peut-être que tu ne pouvais pas faire autrement. La créature est à tel point faite à l’image de son Dieu, que son Créateur ne peut la sauver de la mort que par une intime communion dans la mort, et la mort sur la Croix. L’humanité devait être épousée, elle devait faire une seule chair avec toi afin que tu puisses la relever, l’élever jusqu’au Ciel avec toi et lui redonner ainsi toute sa dignité d’enfant de Dieu. Pour comprendre un tant soit peu, il faut se mettre en mode d’émerveillement et contempler le mystère tel qu’il est dans toute sa vérité : si on veut être en toute vérité humaine à ton image, il faut aimer comme toi et tu te devais de venir nous montrer ce chemin royal : se donner jusqu’à la Croix!
Mais! heureusement, il y a Marie, car nous ne pourrions jamais arriver à entrer en possession d’une connaissance si raffinée pour l’âme : Dieu fait homme qui se donne pour montrer à la créature jusqu’où aller pour aimer, jusqu’où aller pour être à l’image et à la ressemblance de son Seigneur! Marie est là, au pied de la Croix et elle accueille ce mystère de ta bouche même, toi le Verbe fait chair, toi la Parole incarnée du Père! Soudain sort de ton souffle une Parole stupéfiante qui jaillit du fin fond de l’univers, en fait, du cœur du Père; car, ce dernier rêvait de toute éternité de donner à la nouvelle Ève la capacité en son sein d’enfanter tous ses enfants à la vie nouvelle. Alors, tu lui dis du haut de la Croix une Parole qui transperça son âme jusqu’à ses entrailles de mère : « Femme voici ton fils ». Il n’en fallait pas plus pour que la terre et le ciel tremblent d’une joie contemplative inexprimable, Marie venait d’être consacrée par cette Parole Mère de l’Église! Ses entrailles de mère avaient épousée à l’Annonce angélique la Maternité divine, maintenant le Père venait compléter l’autorité maternelle dont Il la chargeait pour la Maternité spirituelle! Tout était alors consommé pour le Fils de ses entrailles, Il pouvait alors se retirer auprès du Père et le mystère du Salut allait pouvoir se poursuivre en l’humanité jusqu’à la fin des temps, par le cœur maternel de l’Immaculée Marie, Vierge et Mère!
Puis, « Tu dis au disciple, ‘Voici ta Mère’ » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » Puissions-nous à l’image de saint Jean, le disciple bien-aimé, accueillir le mystère maternel de Marie en chacune de nos vies, et pouvoir ainsi entrer dans le mystère du Fils : jusqu’où la folie d’amour de Dieu, notre Père et créateur veut nous conduire!