Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept frères de Tibhirine étaient enlevés. Le 21 mai de la même année, leur mort était annoncée par le groupe islamique armé (GIA). Vingt après cette tragédie, que nous reste-t-il de Tibhirine?
Ce livre publié sous la direction de Christophe Henning et préfacé par le pape François tente de répondre à cette question.
Les moines de Tibhirine ont connu le sort tragique de milliers d’Algériens et aussi de douze autres religieuses et religieux, dont Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran. Témoins silencieux d la présence de Dieu dans les tragédies humaines, les moines assassinés sont encore aujourd’hui le signe de la vie plus forte que la mort. Il n’y a pas de preuves, seulement des signes : depuis vingt ans, le message de paix et de fragilité des moines de Tibhirine ne cesse de porter du fruit. C’est ce que ce livre veut montrer, en donnant la parole à ceux qui furent bouleversés par la mort des moines, qu’ils les aient connus de leur vivant ou non.
Il reste cependant un mystère, qui n’appartient qu’aux moines et à leurs ravisseurs : comment ont-ils vécu ce long temps de séquestration avant le surgissement de la mort? Que s’est-il dit et vécu, comment se sont déroulés ces derniers jours, de visage à visage, entre les frères et leurs meurtriers? Le poète François Cheng, qui clôt cet ouvrage, s’approche sans doute au plus juste de ce que les sept moines ont pu vivre en ces temps d’épreuve : «Nous n’avons pas choisi de mourir en martyrs. Nous avons simplement choisi d’aimer. Ce n’est pas la même chose. Pourtant, cela revient au même. Aimer dans condition, c’est être totalement désarmé, c’est être sans défense, absolument. Nous avons choisi d’aimer la vie jusqu’au bout.»
Tibhirine. L’héritage, Sous la direction de Christophe Henning, Bayard, 2016