17 avril 2016
J’ai envie de vous faire rêver à l’été et de vous parler des pissenlits. Au mois de juillet, nous n’aimons pas les pissenlits. Ils envahissent les pelouses et cachent la belle herbe verte. Mais, au mois d’avril, quand le premier pissenlit surgit d’un bout de terre qui a échappé à la neige, il réussit à nous attendrir. Il nous annonce les douces chaleurs de l’été et le soleil des vacances. Quand l’hiver nous est devenu lourd à porter et que les dégelées nous agacent, le pissenlit nous parle d’avenir, de l’avenir radieux de l’été, et il nous donne le courage de poursuivre.
Il en va ainsi de toute notre existence. Aucune vie n’est facile. Les vies médiocres écrasent de toute leur inertie et éteignent les élans du cœur. Les grandes et nobles vies se bâtissent dans le combat et les efforts. Le travail s’accomplit à la sueur de nos fronts. Nous n’accédons pas à une profession sans payer le prix d’une formation et des études difficiles. Nos amours restent belles dans la mesure où nous gardons une constante vigilance. Les peuples conquièrent leur dignité à coup de luttes pour la justice et pour la paix. Rien ne va de soi sur notre terre.
Mais, à travers nos peines et nos efforts, nous portons des aspirations. Nous entretenons une soif d’un bonheur moins dur. Nous rêvons d’un avenir plus ensoleillé. Et cette soif et ces rêves, comme des pissenlits de printemps, nous donnent du courage et de l’énergie pour continuer, pour persévérer. Nos désirs nous gardent la tête haute alors que le quotidien voudrait nous faire plier l’échine.
Pour soutenir notre espérance, nous avons aussi une promesse, une Parole donnée de la part de Dieu. Elle a pour nom Jésus Christ. Mieux que nos aspirations les plus profondes et les plus légitimes, mieux que les rêves que nous pourrions inventer, Jésus Christ est la promesse que Dieu donne à notre terre, une promesse déjà réalisée, accomplie une fois pour toutes. Jésus Christ a donné sa vie et ce don nous apporte le salut. Il n’a pas besoin de recommencer. Mais, pour nous qui vivons dans le temps, le salut doit se déployer progressivement. Il demeure encore une promesse, plus qu’un accomplissement. Et, dans notre longue marche vers sa Pâque, dans la fatigue d’une route qui est parfois rocailleuse, dans le manque de confort de notre voyage terrestre, nous entendons la parole : «Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le.» (Luc 9, 35) Nous recevons une promesse et nous nourrissons notre confiance de cette parole.
La croix du Christ marche devant la caravane de tous les descendants d’Abraham et de Sara à la recherche d’une terre promise, de tous les pèlerins en quête de bonheur et de lumière. À la suite de la croix, nous voyons des milliers d’hommes et de femmes marqués par la souffrance. À ces êtres qui auraient toutes les raisons de désespérer, la croix proclame la mort du Seigneur; elle célèbre la résurrection du Fils de Dieu.
«Nous sommes concitoyens des cieux; c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capables aussi de tout dominer.» (Philippiens 3, 20-21)
Notre terre d’épreuves peut devenir la terre de Dieu parce que Jésus Christ est la promesse qui s’accomplit pour nous. Non pas un rêve illusoire, un don réel que Dieu nous fait. Loin de nous endormir dans nos misères, il nous propose de marcher avec la croix pour connaître la vie. Avec la confiance du psalmiste, nous pouvons dire : «J’en suis sûr : je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.» (Psaume 26, 13)