Ainsi va l’Évangile!
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 8,1-11.
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
COMMENTAIRE
Il y a trois ans, le 13 mars 2013, le pape nouvellement élu s’est présenté à la foule qui l’attendait sur la place St-Pierre à Rome. Dès les premières minutes de cette rencontre historique, l’évêque de Rome, François, nous a donné de lui-même une image sympathique. Il était tout empreint d’humilité et d’une belle simplicité. On le voyait à l’écoute de tous ces gens, intensément attentif à chacun et chacune bien que leur nombre fut immense. On le devinait plein de confiance et d’une grande bonté. Son silence nous a tous surpris de même que la douceur de ses propos et son humour bienveillant. En admirant le charme qui se dégageait de sa personne nous aurions pu chanter le refrain du psaume d’aujourd’hui : Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie.
Il y a dans les manières et le style du nouveau successeur de Pierre quelque chose de ce que nous voyons se dégager de la personne de Jésus dans la scène d’évangile que nous retrouvons en ce 5e dimanche de Carême. Il nous est dit que Jésus s’adonnait à l’enseignement dans le Temple : « Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner ». Et voilà qu’on lui amène cette femme qu’on a surprise en train de commettre une faute estimée très grave selon la loi juive. Une faute contre les mœurs et contre le mariage. Cette femme – avec un homme bien sûr – avait donc mené une conduite gênante pour la société. Il fallait la dénoncer. Les responsables des bonnes mœurs, en l’occurrence les scribes et les pharisiens, ont vite fait le nécessaire pour s’emparer de la coupable. Ils la produisent comme un trophée devant Jésus, pour l’obliger à se prononcer sur ce sujet fort délicat. Jésus réagit avec calme. Il prend tout le temps qu’il faut. Devant le rapport accablant qu’on lui fait sur la pauvre femme, il marque d’abord un temps d’arrêt. Il fait silence. Un silence qui invite à la réflexion, à la prudence, à une prise de conscience. C’est ainsi qu’il renvoie chacun, chacune à lui-même, à elle-même. Suis-je tellement pur et sans péché que je puisse me permettre de condamner ma sœur, mon frère ? Suis-je justifié de mener cette femme à la mort alors que je ne suis pas moi-même sans reproche, ni sans mériter quelque part une sévère punition?
Jésus refuse de condamner cette femme parce que personne d’entre nous ne pouvons la condamner si nous voulons échapper à notre propre condamnation. Lui seul pourrait la condamner en toute vérité et justice, mais il s’abstient de le faire. « Personne ne t’a condamnée? Moi non plus, je ne te condamnerai pas. » Jésus refuse d’ajouter le mal au mal. Il s’empresse de désamorcer l’engrenage de la violence. Il ne souhaite la mort de personne. Il ouvre plutôt un espace à la miséricorde et au pardon quel que soit la faute. « Va, et désormais ne pèche plus. » En disant cela Jésus nous entraîne dans le même sens : il en appelle au réveil du cœur et à la conversion. Il nous convoque au meilleur de nous-mêmes pour que nous allions et ne péchions plus.
L’événement d’il y a trois ans à Rome n’était-il pas de cette même qualité spirituelle? Voilà un homme, le pape François, qui ne venait pas condamner le monde, mais qui se posait et se pose toujours en pauvre parmi les pauvres, nous donnant à chacun, chacune le goût de nous relever et de mener une vie plus juste, plus fraternelle, une vie plus sainte, toute nouvelle. Ainsi va l’Évangile! Les plus belles espérances nous sont dès lors permises pour un avenir de l’Église et du monde. Voyons-y le souffle de l’Esprit !