24 janvier 2016
Nous connaissons la parabole des talents (Matthieu 25, 14-30). Un homme riche, au moment de partir en voyage, confie ses biens à trois de ses serviteurs. Deux d’entre eux en profitent pour doubler le capital. Le troisième creuse un trou et cache l’argent jusqu’au retour du maître. En bon québécois, nous dirions qu’il préfère le «bas de laine» aux placements! C’est une option. Mais c’est une option que le maître n’a pas aimée du tout. Au point de congédier ce serviteur qu’il trouvait «mauvais et paresseux».
J’imagine le pauvre homme qui croise un ami en rentrant à la maison.
–T’as donc l’air dépité, mon Gérard, de dire le copain.
— Le patron m’a mis à la porte.
— Voyons donc! Qu’est-ce que t’a fait?
— Justement, il dit que j’ai rien fait. Il m’avait confié de l’argent. Je ne savais pas trop quoi faire avec ça. Faire des placements, c’est de l’ouvrage. Faut que tu surveilles la bourse. Faut prendre des risques. C’est pas trop mon genre.
— C’est certain que c’est pas ton genre. T`as jamais été vaillant, vaillant. Regarde ton jardin. T’es bon pour semer. Mais après, tu n’arroses pas. Tu n’arraches pas les mauvaises herbes. Tu ne renchausses pas. Et t’es surpris de rien récolter à l’automne.
Regarde ton mariage. T’as pensé que tout était réglé au pied de l’autel. Mais l’amour, ça s’entretient, ça se cultive. Faut des attentions, des p’tits mots, des bons services… Toi, tu n’aurais jamais pu faire un veilleur de nuit ou un gardien de phare. T’as le sommeil trop facile.
Et l’ami très franc continua son «sermon» jusqu’à la maison de Gérard.
Je n’ai jamais su s’ils ont abordé la question de la foi. Dieu nous la confie non pas pour la déposer dans un coffre-fort mais plutôt pour l’exposer au grand air et lui donner la chance de s’épanouir.
Avec la foi, il faut faire des placements! Dans nos amours, dans notre travail, même dans nos options politiques. La foi trouve alors ses chances de se déployer. Elle est faite pour se «coltailler» avec la vie. Elle attend de nous une vigilance constante pour la dynamiser. Quand elle est surprotégée par des peureux, elle sombre dans l’anémie. Au bout du compte, elle ne vaut pas grand-chose.
La foi n’a d’avenir que si elle est risquée!