4 octobre 2015
Les plus vieux d’entre nous se souviennent sans doute de l’époque où les journaux annonçaient qu’une fille avait décidé de devenir religieuse ou qu’un garçon avait choisi de faire un prêtre. Habituellement, on intitulait la nouvelle : «Adieu au monde».
Le monde apparaissait comme un lieu dangereux, un lieu où nous pouvions facilement nous perdre. Le mal y foisonnait. Le péché y abondait. On admirait ceux et celles qui avaient le courage de couper avec cet enfer terrestre.
Aujourd’hui, nous voyons les choses sous un jour bien différent. Nous reconnaissons dans le monde une création de Dieu. Ce monde n’est donc pas méprisable. Bien sûr, il y a des guerres dans bien des contrées. Mais il se signe aussi des traités de paix. Bien sûr, la violence fait des ravages. Des massacres, des assassinats sont rapportés tous les jours dans les journaux. Mais on rencontre aussi de la tendresse. D’humbles personnes rendent d’énormes services à leurs semblables. Des associations réalisent des projets qui font la joie des autres.
Mais si beau que soit le jardin du monde en sa face positive, si emballant qu’il soit, il ne pourra jamais nous donner Dieu. Il ne pourra jamais faire naître l’Esprit de Dieu par ses propres forces. La science peut peut-être parler de Dieu; elle ne peut pas prouver son existence. L’histoire peut bien me raconter la vie de Jésus; elle ne peut pas me certifier qu’il est sauveur.
S’engager envers Dieu, accepter de suivre Jésus, cela ne va pas de soi. Les plus brillants raisonnements, les poèmes les plus réussis, les paroles les plus riches ne peuvent que proférer une infime allusion à Dieu. Cette minuscule allusion, pour nous ouvrir à Dieu, suppose un espace infini en nous où se creuse l’attente et nous rend disponible, accueillant au don gratuit de la foi.
Si discrète que soit la présence de Dieu parmi nous, le monde y trouve sa grandeur. Nous ne pouvons pas lui dire : adieu au monde ! C’est là, dans ce monde, que nous rejoignons Dieu où plutôt que Dieu nous rejoint.